Les ados, cible des cigarettiers
Pour renouveler leur clientèle et conserver un marché aussi vaste que possible, les fabricants de cigarettes ciblent ostensiblement les jeunes. Pour les contrer, des programmes de désaccoutumance au tabac adaptés aux ados ont été mis sur pied.
Par Patricia Bernheim
Entre ceux qui arrêtent de fumer et ceux qui meurent des méfaits du tabagisme, l’industrie du tabac perd sans cesse des clients. Sachant que plus on commence tôt à fumer régulièrement, plus on s’expose au risque de devenir dépendant de la nicotine plus tard dans la vie (9 adultes fumeurs sur 10 ont commencé à fumer avant 18 ans), les adolescents sont donc le public cible des cigarettiers. Pour les attirer, ils adaptent leur langage à celui des jeunes. La communication fait appel à des émotions fortes mais néanmoins humoristiques. Les messages publicitaires ciblent des besoins particulièrement importants aux yeux des adolescents tels que l’indépendance, la liberté, le sentiment d’appartenance, la reconnaissance, etc.
Etat des lieux
A l’autre bout de la chaîne, qu’en est-il ? L’étude internationale intitulée « Health Behaviour in School-aged Children » (HBSC), menée tous les quatre ans auprès des écolières et des écoliers en Suisse, montre que les jeunes se mettent à consommer très tôt puisque, à 13 ans, plus de 30% d’entre eux ont déjà fumé au moins une fois. A cet âge, 1,7% des écoliers et 1,4% des écolières ont déjà passé à une consommation quotidienne.
Chez les 15 ans, la proportion de fumeurs quotidiens augmente pour atteindre environ 11% chez les garçons et 10% chez les filles (HBSC 2006). La consommation continue d’augmenter chez les 16 à 20 ans. Ainsi, 35% des jeunes de 20 ans se déclarent fumeurs, les apprenti-e-s étant plus nombreux-ses dans ce cas que les étudiant-e-s (SMASH 2002).
Entre 1986 et 1998, la proportion de celles et ceux qui fument au moins une fois par semaine a considérablement augmenté. Elle s’est maintenue à un niveau élevé en 2002, a baissé en 2006, pour ensuite stagner en 2010 chez les filles alors que chez les garçons une légère augmentation s’est dessinée. 72% des garçons et 79% des filles de 15 ans affirment ne pas fumer, alors que 10% des filles et 13% des garçons du même âge fument quotidiennement.
Garçons plus nombreux
Chez les jeunes qui fument au moins hebdomadairement, la part des filles est d’environ 15% et celle des garçons est de 19%. Dans quasi toutes les tranches d’âge, on observe au niveau de la prévalence à vie des différences entre les sexes : à l’exception des 14 ans, les données des garçons sont chaque fois plus élevées que celles des filles.
Dans l’enquête HBSC 2010, le groupe des jeunes de 15 ans qui fume (13% des garçons contre 10% des filles) a été questionné sur ses habitudes de consommation, plus précisément sur le nombre de cigarettes fumées quotidiennement. Environ la moitié des fumeuses et fumeurs disaient fumer moins de six cigarettes par jour, environ un tiers entre six et dix cigarettes, tandis que la part restante fume plus de la moitié d’un paquet.
Dépendance
Le nombre de cigarettes fumées chaque jour est un bon indicateur de la dépendance à la nicotine. Une personne qui fume 20 cigarettes ou plus par jour est ainsi très probablement dépendante. Or, c’est le cas en Suisse de 39% de l’ensemble des personnes qui fument (45% des hommes et 29% des femmes [monitorage tabac 2009]). Chez les 15 ans, deux tiers des fumeurs quotidiens fument la première cigarette peu après le lever, ce qui est considéré comme un signe de dépendance.