Il n'est jamais trop tard pour arrêter de fumer
Sachant qu’on double ses chances d’arrêter de fumer si on se fait aider, on aurait vraiment tort de se priver d’un soutien! Explications du Dr Sylvie de Raemy-Kocher, spécialisée en tabacologie.
Par Patricia Bernheim
Le tabac, c’est comme les histoires d’amour : ça finit mal, en général ! Etude après étude, tout nous démontre que fumer, c’est s’empoisonner à petit feu. De là à s’arrêter séance tenante, il n’y a qu’un pas, de loin pas le plus facile à franchir.
Comme dans tout changement de comportement, lorsqu’on souhaite en finir avec la cigarette, on passe inévitablement par différents stades. De fumeur heureux de l’être, on devient un fumeur qui doute. Puis, de la conviction d’arrêter la cigarette «un de ces jours», on passe au moment où on se sent prêt à se séparer de cette vieille compagne, coûteuse et malodorante.
Ces différents stades, les tabacologues les connaissent bien, et ils ont su développer des réponses adéquates pour chacun d’entre eux. «On ne s’adresse pas de la même manière à quelqu’un qui ne veut pas arrêter de fumer et à quelqu’un qui veut arrêter. Les conseils des tabacologues s’adaptent au stade de motivation de la personne», explique le médecin Sylvie de Raemy-Kocher.
Pour le fumeur heureux de l’être, l’aide consiste en une information brève et personnalisée sur les problèmes liés au tabagisme, assortie d’une brochure de stop-tabac.ch intitulée Et si j’arrêtais de fumer ?* « Je leur conseille clairement d’arrêter et les incite à réfléchir aux risques liés au tabagisme et aux bénéfices qu’ils ont à arrêter. Ensuite, je suis à leur disposition s’ils souhaitent un suivi. »
Les obstacles et les solutions
Le deuxième stade, c’est celui où l’on envisage d’arrêter de fumer. « Nous proposons des entretiens motivationnels pour aider les gens à avancer vers le changement. Avec le patient, nous passons en revue les pour et les contre.
Nous identifions les obstacles, tels que la peur de la prise de poids, du manque, de la rechute ou de la déprime, et nous trouvons les solutions pour chacun d’entre eux. Il existe aujourd’hui toute une gamme de substituts nicotiniques et de traitements qu’on peut combiner et qui multiplient par deux les chances de succès.»
On en arrive au troisième stade, celui où l’on affirme : « C’est décidé, j’arrête de fumer! » C’est l’étape dite de la préparation. «Il est important de soutenir et de valoriser cette décision. Nous allons alors fixer une date d’arrêt et discuter des stratégies comportementales : identifier les moments à risques et trouver des astuces pour ne pas craquer.
Le ou les traitements pharmaceutiques que je propose tiennent compte de la préférence de la personne, de sa manière de fumer, de son expérience préalable et aussi de son degré de dépendance à la nicotine. »
L’importance du soutien
Avec le quatrième stade, « Je viens d’arrêter », on passe aux exercices pratiques. Pour éviter que l’envie de fumer ne survienne, on peut s’abstenir momentanément d’être en compagnie de fumeurs, se lever de table tout de suite après le repas et se débarrasser de tout ce qui a trait au tabac, des cigarettes aux cendriers en passant par les briquets. Lorsque l’envie se présente, on peut attendre qu’elle passe (maximum cinq minutes), se remémorer toute la préparation antérieure, boire un verre d’eau.
« Il est important que la personne trouve du soutien autour d’elle. D’une part, auprès du professionnel de la santé qui gère son sevrage. De l’autre, auprès de son entourage qui peut, par exemple, s’abstenir de fumer en sa présence, souligne la tabacologue. Autre conseil : trouver une manière de se faire plaisir autrement, par exemple par le biais d’une activité sportive ou en s’offrant un cadeau avec l’argent économisé. »
Rappel des motivations, des inconvénients du tabac et des bénéfices de l’arrêt : là encore, le suivi est adapté aux besoins du patient. On évoque aussi la rechute qui n’est pas un échec mais une étape sur le chemin de la désaccoutumance. « Elle est normale, il n’y a donc pas de quoi culpabiliser. Il faut souvent s’y reprendre à plusieurs fois avant de pouvoir arrêter définitivement », conclut la tabacologue.
Au bout de six mois de sevrage, on entre dans le stade de la consolidation. Certains ex-fumeurs demandent à être suivis quelques mois encore, d’autres non. Une chose est sûre, les bénéfices de l’arrêt sur leur santé sont déjà patents (lire l’encadré).
Gérer l’interdit
La plupart des lieux publics deviennent espaces sans fumée. Ces interdictions représentent des contraintes que les fumeurs doivent intégrer à leur quotidien.
Etre fumeur aujourd’hui est une condition de plus en plus difficile à assumer.
Bien sûr, l’idéal est d’arrêter. Mais, celles et ceux pour qui cela n’est pas immédiatement possible, ou pas souhaité à brève échéance, doivent savoir qu’il existe actuellement des procédés simples et efficaces pour alléger la pression liée à l’impossibilité momentanée de fumer.
Ces aides, très utiles pour les fumeurs, leur donne l’opportunité d’appréhender plus facilement l’interdiction de fumer, en agissant sur la sensation de manque et sur la frustration qui l’accompagne.
Les substituts renferment le composé responsable du manque, la nicotine. Ils permettent de supporter l’abstinence forcée, pendant le trajet en train, le vol en avion, au cinéma, au théâtre, au restaurant, en bref, dans tous les lieux publics où fumer est interdit.
Les produits à disposition sont les patchs, les gommes à mâcher, les comprimés à sucer, les inhalateurs.
Précisons que, pour répondre aux besoins du fumeur, tels que rapidité d’action, durée et dose utile, ces différents produits doivent être combinés entre eux, et de façon spécifique pour chaque personne. En effet, chaque fumeur est différent, tant par sa consommation de tabac que par ses habitudes de vie. Par conséquent, pour trouver la combinaison optimale des produits de substitution, un entretien avec un spécialiste formé et compétent est indispensable.
Rester en contrôle
Conscients de l’importance de ces contraintes et des problèmes qu’elle pose aux fumeurs, les pharmaciens de la Pharmacie Principale ont suivi une formation approfondie portant sur les effets du tabac sur l’organisme et, en particulier, sur les moyens et les méthodes permettant de gérer au mieux le manque lié aux nombreuses situations souvent imprévisibles, où il est impossible de fumer.
Les programmes proposés sont tous strictement personnels. Sachant que la fumée du tabac interfère avec presque tous les traitements médicamenteux, leur formation a porté aussi sur l’adaptation des programmes de substitution en cas de prise de médicaments.
Vous trouverez des spécialistes formés, compétents et disponibles pour des entretiens personnalisés dans nos sept officines de la Pharmacie Principale.
Pour les titulaires de la Carte Santé Fidélité® Pharmacie Principale (offerte gratuitement dans toutes nos officines), les entretiens sont proposés à des tarifs préférentiels.
*Les six brochures de stop-tabac.ch sont disponibles gratuitement auprès de toutes les Pharmacies Principales ainsi que IMSP – CMU, 1, rue Michel-Servet, 1211 Genève 4 ou sur www.stop-tabac.ch