Les dessous du vieillissement cutané
Chez l’être humain, la peau est le premier révélateur visible du vieillissement. Ce processus physiologique normal et complexe, commun à tous les organismes vivants, est dû à différents facteurs.
Par Jean-Charles Bastard, pharmacien
Notre peau, comme tous les autres organes de notre corps, subit un vieillissement chronologique régi par notre « horloge interne ». Chacune de nos cellules possède en effet un programme qui détermine son espérance de vie, c'est-à-dire le nombre de fois où elle peut se diviser. Or, entre 20 et 70 ans, la vitesse de renouvellement cellulaire au niveau de la peau est divisée par deux. Avec, comme résultat, un amincissement de la peau, une perte de l’élasticité et de la tonicité, une sécheresse, un teint jaunâtre et des tâches pigmentaires.
Selon une étude taïwanaise, les défenses antioxydantes endogènes diminuent progressivement avec l’âge. Les radicaux libres non neutralisés par les antioxydants agressent les protéines, ce qui se traduit par une altération du collagène et de l’élastine, responsable de la formation des rides, de l’amincissement et de la perte d’élasticité de la peau. L’attaque oxydative des lipides des membranes cellulaires engendre une perte de fonction des cellules et, à plus long terme, est responsable des taches pigmentaires courantes chez les personnes âgées. Enfin, l’agression de l’ADN par les radicaux libres peut entraîner une dégénérescence cellulaire ou, plus grave, des mutations potentiellement cancérigènes (mélanome)
La part de l’environnement
Ce vieillissement cutané inéluctable va également subir l’influence de multiples facteurs liés à l’environnement extérieur tels que le soleil, la pollution atmosphérique ou le tabac.
On le sait désormais, l’exposition au soleil, principale source d’ultraviolets (UV), est un facteur prépondérant. A court terme, il est responsable des coups de soleil et du bronzage. A plus long terme, il favorise le vieillissement cutané, les rides mais également des cancers cutanés.
La toxicité cutanée des ultraviolets des rayons du soleil s’expliquerait par une génération massive de radicaux libres (molécules oxydantes), responsable des dommages cellulaires au niveau des protéines, lipides et de l’ADN.
Le rôle du tabac
« Fumer est responsable d’un vieillissement prématuré et de l’apparition précoce des rides au niveau du visage ». C’est la conclusion d’une étude menée par le Dr Solly (Lancet) en 1856 ! Celle-ci a été confirmée au cours du 20ème siècle par plusieurs études dont la conclusion est que, chez le fumeur, le risque d’apparition précoce des rides au niveau du visage est multiplié quasiment par 5 !
Premier organe en contact avec la fumée, la peau est exposée à une plus grande quantité de radicaux libres que les autres organes, excepté peut-être le poumon. En plus d’être exposée par contact direct, elle est également attaquée de l’intérieur par la fumée inhalée. Une étude a par ailleurs démontré que la concentration sanguine en vitamine C était de 20 à 40% plus basse chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. Or, en plus de ses propriétés antioxydantes, la vitamine C est nécessaire à la synthèse du collagène, protéine essentielle de la peau.
La pollution
Notre peau est en contact avec l’air environnant et subit donc directement les agressions toxiques de la pollution. C’est notamment le cas avec l’ozone (O3).
Ce polluant environnemental le plus oxydant auquel nous soyons exposés régulièrement pourrait potentiellement avoir une implication dans le vieillissement cutané via une augmentation de l’oxydation au niveau de la peau.
Prévenir le vieillissement accéléré de la peau
Une prévention active passe par un changement de comportement face aux facteurs qui accélèrent le vieillissement de notre peau tels que le soleil et le tabac. A cela s’ajoutent un apport des antioxydants dont notre peau a besoin pour se défendre via une alimentation riche en fruits et légumes, une éventuelle supplémentation en antioxydants, ainsi que des crèmes anti-âge.