Sexualité et santé: une évidence
Sujet tabou ou cible de plaisanteries graveleuses, la sexualité est rarement présentée sainement. Pourtant, de nombreuses études en attestent, sa pratique participe pleinement à notre santé morale et physique.
Pour rester en bonne santé, on sait qu’il faudrait ne pas fumer, boire modérément, manger sainement, maîtriser son stress et pratiquer régulièrement une activité physique. Sexe et santé ne sont pour ainsi dire jamais associés.
Pour obtenir une image des liens que l’homme et la femme de la rue établissent entre sexe et santé, des chercheurs du Laboratoire de Didactique et Epistémologie des Sciences de l’université de Genève ont mené l’enquête, en 2007, sous la direction du Professeur André Giordan. Les résultats de cette étude révèlent qu’une large majorité d’interviewés reconnaissent qu’il existe un lien évident, presque « naturel », entre santé et sexualité. Ils sont plus de la moitié (65%) à faire un lien très direct entre les deux sujets, environ 15% établissent un lien « flou », « éventuel » et, enfin, 15% sont « dubitatifs » à l’idée d’un lien entre santé et sexualité, déclarent « ne jamais y avoir réfléchi » ou « ne pas faire le rapprochement ».
La quasi totalité des personnes sondées (90%) estime par ailleurs qu’une bonne santé (physique et mentale) va de pair avec une « sexualité épanouie » ou la favorise. Pour les trois quarts des personnes, l’inverse est aussi vrai : la sexualité influence la santé (équilibre psychique, maladies).
Erronées, ces affirmations ? De loin pas ! Grâce à de nombreuses études, il est scientifiquement prouvé qu’une vie sexuelle épanouie, au moins satisfaisante et pratiquée régulièrement, est bénéfique à notre santé tant physique que psychique, à la fois pour éviter les pathologies et favoriser le bien-être. Désormais, la santé par le sexe fait même officiellement partie des recommandations de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
Une pluie d’hormones
« En premier lieu, la pratique du sexe stimule la circulation sanguine. Durant « l’exercice », surtout s’il est très progressif, le sang circule mieux et alimente parfaitement les organes vitaux (cœur, artères, foie, reins…). Grâce à son rôle bienfaisant pour combattre le stress, c’est tout le système nerveux sympathique et parasympathique, qui régule notre organisme, qui se trouve renforcé », explique le Professeur André Giordan.
Une activité sexuelle satisfaisante est tout aussi salutaire pour le cerveau. Aucune autre activité ne déclenche autant de sécrétions d’hormones vitales. C’est une pluie de neurotransmetteurs comme la dopamine, la sérotonine, l’ocytocine, la vasopressine qui déferle dans la boîte crânienne ; le taux de testostérone dans le sang, y compris pour les femmes, est renforcé.
Faire l’amour rend donc de bonne humeur et active la pensée, la mémoire et, d’une manière générale, les capacités d’apprentissage ; il étire et tonifie les muscles. Et, par dessus tout, il entraîne la production de mélatonine, l’hormone du rajeunissement et de la longévité.
« Des miracles »
Enfin, pour ceux ou celles qui atteignent l’orgasme, les apports du sexe sont décuplés. L’inondation du cerveau par les neuromédiateurs cités plus haut pendant l’orgasme a des effets très proches de ceux provoqués par des tranquillisants, sans toutefois les effets pervers. Ce paroxysme du plaisir, en procurant une profonde relaxation, permet de prévenir les crises cardiaques. L’état d’apaisement qui en résulte restreint l’anxiété, l’angoisse, le stress et autres maux.
Pour le professeur Giordan, « nos pratiques sexuelles peuvent donc accomplir de véritables « miracles » sur notre santé. Fini donc d’associer le sexe à la gaudriole, les sex-shops ou la promotion canapé ! Le sexe n’est pas seulement un petit plaisir, il est à considérer sérieusement comme un élément préventif de notre bien-être, qui devrait être valorisé et favorisé. Il pourrait être promu dans les pharmacies au même titre que les produits naturels de santé, au travers d’une gamme complète d’huiles de massage, d’incitants et d’accessoires adaptés aux goûts de chacun ».
Fantaisie et renouveau
Une réflexion qui ne heurte pas les personnes interviewées dans le cadre de la recherche citée plus haut. Un quart a déjà essayé ou utilise des accessoires épisodiquement. « Il n’y a pas d’interdit du moment que les gens sont majeurs et consentants. Pour les huiles comme pour les objets. »
Presque 40% des personnes interrogées expliquent ne pas en avoir besoin actuellement… mais n’excluent pas l’utilisation de tels objets dans le futur ou sont intéressées par ces accessoires pour les tester, notamment par curiosité. Un tiers (33%) pense que les sex-toys introduisent « de la fantaisie », du « renouveau » dans une relation de couple ou stimule par un côté « ludique ». Ils sont presque autant (27%) à relever l’importance beaucoup plus grande des sentiments, des fantasmes ou de la fidélité que des accessoires.