Sexe oral: un plaisir qui n'est pas sans conséquences
Plaisir sexuel très apprécié par beaucoup d’hommes, la fellation pratiquée sans préservatif peut toutefois transmettre des infections sexuellement transmissibles (IST).
Les hommes disent rarement non à ce petit plaisir qu'est la fellation. Mais, sans préservatif, cette pratique comporte des risques d'infections sexuellement transmissibles (IST) aux conséquences diverses selon les cas.
Il est toutefois très difficile d'évaluer le nombre de personnes victimes d'une infection ou d'une maladie dont la cause serait la fellation, car celle-ci est souvent couplée avec d'autres types de rapports sexuels. Cependant, connaissez-vous ces différentes IST que vous pouvez attraper en pratiquant le sexe oral sans protection?
VIH et fellation
Comme le virus du VIH est présent dans le sperme, il peut dans de très rares cas se transmettre lors d'une fellation s'il y a éjaculation dans la bouche du partenaire. Ce risque est toutefois difficile à évaluer. En effet, les résultats d'une étude comprenant 250 couples hétérosexuels sérodiscordants (une personne séropositive et l'autre séronégative) n'ont pas pu mettre en évidence une séroconversion (séronégatif devient séropositif) dont la cause serait la fellation. Par contre, parmi une centaine de couples homosexuels, près de 8% des séroconversions ont été attribuées à du sexe oral.
D'après de nombreuses recherches, le risque de transmission du VIH lors d'une fellation serait rare en l'absence de lésions orales préexistantes. Toutefois, ce constat ne doit pas encourager la pratique d'une fellation non-protégée car le risque zéro n'existe pas.
Papillomavirus
Les papillomavirus humains (HPV) représentent l'IST la plus fréquente dans la population et touchent aussi bien les hommes que les femmes. Cette infection comporte plusieurs types, qui peuvent provoquer des lésions au niveau des organes génitaux, de l'anus ou de la bouche. Si la plupart du temps la personne contaminée s'en débarrasse naturellement, les lésions peuvent parfois se transformer en tumeur bénigne (condylomes pour les deux sexes) ou maligne (cancer du col de l'utérus). Dans le cas d'un cancer ORL (oto-rhino-laryngologie) dont le HPV serait à l'origine, le taux de survie est de 80 à 90% avec une radio-chimiothérapie.
Comme un vaccin est maintenant proposé aux adolescentes qui n'ont pas encore eu de rapports sexuels, le nombre de personnes contaminées devrait diminuer ces prochaines années.
L'herpès
Les virus de la famille des herpès se répartissent en plusieurs catégories. Les deux plus courants sont l'herpès type 1 (HSV1) et l'herpès type 2 (HSV2). Le premier est souvent situé au niveau buccal tandis que le second touche principalement les zones génitales, bien qu'actuellement les deux types d'herpès soient retrouvés de façon homogène dans ces deux sites.
La pratique du sexe oral sans préservatif peut entraîner une infection par l'herpès de type 1 ou 2. Un traitement antiviral peut être prescrit en cas d'infections récurrentes.
Hépatite B et C
Comme le virus de l'hépatite B est très contagieux, il est recommandé de se faire vacciner avant de s'engager dans une relation sexuelle, quelle qu'elle soit, avec une personne contaminée. D'après de nombreuses études, la transmission de l'hépatite C au cours d'une fellation sans préservatif n'est pas décrite.
Trichomonas
Si le HPV est l'IST la plus courante dans le monde, le trichomonas est, quant à lui, l'IST la plus fréquente. Elle touche le plus souvent les femmes mais elle ne se transmet pas lors d'une relation exclusivement génito-orale. Une prise d'antibiotiques permet de traiter cette maladie.
Gonocoque et chlamydia
Ces deux infections se transmettent trois fois plus souvent au cours d'un rapport génital que durant la pratique du sexe oral. Cependant, si elles ne sont pas traitées à temps, elles peuvent entraîner des complications. Quand ils sont présents dans le pharynx, les gonocoques sont plus difficiles à soigner car ils se montrent plus résistants aux antibiotiques. Quant aux chlamydia, l'infection génitale se traduit par une l'inflammation du col de l'utérus ou des trompes. Mais, si elle n'est pas traitée, elle peut causer une stérilité chez la femme. Ces deux infections se traitent facilement par des antibiotiques.
La syphilis
Alors que la syphilis s'était faite très discrète dans les années 90, elle connaît malheureusement une explosion de nouveaux cas depuis une dizaine d'années. La bactérie responsable de cette infection est très contagieuse. En effet, on estime que 50% des contacts muqueux peuvent transmettre la syphilis, fellation non-protégée y comprise. Une fois le partenaire contaminé, des ulcérations (pertes de substances entraînant une plaie) peuvent se former sur les lèvres, le palais, la langue ou encore les amygdales. Si l'administration d'un antibiotique permet de faire disparaître l'infection, il est toutefois important de préciser qu'une infection non-traitée peut atteindre plusieurs organes.
Prévention
Même si le sexe oral sans préservatif comporte beaucoup moins de risques qu'un rapport génito-génital, certaines infections telles que l'HPV ou l'herpès se transmettent facilement lors d'une fellation non-protégée. Ainsi, si vous voulez éviter d'attraper une IST, le port du préservatif est bien évidemment recommandé. Il est aussi conseillé de se faire vacciner contre l'hépatite B et l'HPV avant tout rapport sexuel avec un nouveau partenaire.
Référence :
Adapté de «Fellation non-protégée: quels risques?», par Dr D. Genné, département de médecine interne, Hôpital neuchâtelois, La Chaux-de-Fonds. In Revue médicale suisse 2013; 9: 1828-1831. En collaboration avec l'auteur.
Source : www.planetesante.ch
Image : © istockphoto.com/tkachuk
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