La sexualité féminine sans tabou
Complexe, encore un peu mystérieuse, la sexualité féminine est surtout très méconnue. Un guide* clair et complet explique, sans tabou ni fausse pudeur, son fonctionnement et ses troubles éventuels. Interview de l’auteure, Ellen Weigand.
Propos recueillis par Patricia Bernheim
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Bien qu’on vive dans une société hypersexuée, il reste beaucoup de tabous, de mythes et de croyances autour de la sexualité. Beaucoup d’hommes et de femmes ne connaissent pas leur corps ni les différents chemins qui les mènent du désir au plaisir. Il y a beaucoup de méconnaissance, de culpabilité et de honte autour de ce sujet, dans un contexte par ailleurs très marqué par une obligation de performances. Il faudrait jouir d’une certaine manière, faire l’amour tant de fois par semaine, etc.
Le sujet reste-t-il encore à ce point tabou ?
Oh oui ! La preuve, c’est que certains distributeurs ne veulent pas vendre notre livre parce qu’il y a le mot sexualité dans le titre ! Au-delà de cet exemple, le sujet reste difficile à aborder aussi bien par les femmes que par les médecins, généralistes ou gynécologues. Or avoir une sexualité épanouie est important, pour son propre bien-être, celui de son/sa partenaire et pour sa vie de couple. Demander à un patient comment va sa vie sexuelle devrait faire partie du check up !
Votre livre ne s’adresse-t-il qu’aux femmes ?
Il est destiné à toutes les personnes soucieuses de préserver leur santé sexuelle et leur couple, c’est-à-dire à toutes les femmes de tous âges dès la puberté et aux hommes, qui pourront y trouver des informations et des explications intéressantes sur le fonctionnement intime des femmes…
Comment décririez-vous la sexualité féminine ?
Complexe et fragile. Ce n’est pas seulement mécanique ! Quantité de facteurs peuvent avoir un impact négatif sur elle, de l’éducation à la culture en passant par la religion, des problèmes de santé, la prise de certains médicaments, la qualité de la relation dans le couple ou encore des facteurs psychologiques…
Les troubles sexuels sont-ils répandus ?
Près d’une femme sur deux souffrira d’un dysfonctionnement sexuel plus ou moins sévère durant sa vie – baisse de désir, rapports douloureux, diminution de l’excitation, absence d’orgasmes... –, parfois au détriment de sa santé physique, psychologique et de la survie même du couple.
Comment savoir quand consulter ?
Quand le trouble perdure plusieurs semaines et que cela provoque de la souffrance. Les troubles sexuels se soignent, il existe des thérapies. Ce n’est pas une fatalité. Il ne faut pas hésiter à parler, ne pas culpabiliser en s’attribuant une « faute », ni accepter d’être désignée comme coupable.
Qui consulter ?
Les origines d’un trouble étant souvent multifactorielles, on peut commencer par son généraliste ou son gynécologue, de manière à exclure les causes physiques. Comme les troubles du désir sont difficiles à distinguer pour un non-professionnel, celui-ci recommandera la consultation d’un spécialiste si nécessaire. Le livre donne aussi un certain nombre d’adresses utiles.
* « Ma sexualité » (femme), coll. J’ai envie de comprendre, par Ellen Weigand, journaliste spécialisée dans le domaine de la santé, avec la collaboration du Dr Francesco Bianchi-Demicheli, responsable de la Consultation de gynécologie psychosomatique et de médecine sexuelle aux HUG.