Les "régimes" sont absolument inadaptés
Les régimes amaigrissants font perdre du poids sur le court terme, mais en prendre sur le long terme. En cas d’obésité, ils sont inefficaces et totalement inadaptés. Les explications de Véronique Di Vetta, diététicienne diplômée.
Propos recueillis par Patricia Bernheim
On sait aujourd’hui que tous les régimes sont inefficaces sur le long terme, indépendamment du type proposé. D’une part, la perte de poids est en général minime. De l’autre, la majorité des patients reprennent déjà des kilos un mois après la diète et seuls 1% d’entre eux parviennent à maintenir le poids obtenu un an plus tard. Par ailleurs, presque la moitié des personnes engagées dans un programme diététique l’abandonnent avant son terme.
Enfin, certains régimes doivent absolument être évités en raison des carences en macro- et en micronutriments. Comment peut-on affirmer, actuellement, qu’aucun régime amaigrissant n’est efficace, alors qu’ils ont été prônés pendant des années ? L’augmentation de l’obésité un peu partout dans le monde est la conséquence d’un déséquilibre de plus en plus important entre les apports et les besoins énergétiques. Dans ce contexte, il semblait normal de proposer aux patients des restrictions alimentaires afin d’inverser la balance énergétique. C’était sans tenir compte de l’influence du comportement alimentaire.
On sait maintenant que la prise alimentaire chez des personnes en surpoids est très souvent liée à l’envie de manger et non à une sensation physique, la faim. Tous ces régimes ont en effet en commun d’être inefficaces sur le long terme, car ils ne résolvent pas les questions essentielles : pourquoi je mange ? Pour quelles raisons ? Par ennui ? Par compensation ? Comment je mange ? En vitesse ? Debout ? L’utilisation d’un grand nombre de régimes a produit le fameux parcours du combattant du patient obèse.
En quoi consiste ce parcours du combattant ?
C’est un parcours souvent coûteux et qui dure parfois depuis des années. A la suite de régimes, le patient perd du poids, reprend du poids, en reperd puis en reprend; le poids augmente progressivement en dents de scie (le fameux yoyo), ce qui multiplie les risques de développer des complications, amplifie sa culpabilité, accroît ses troubles du comportement alimentaire et, finalement, risque de favoriser l’apparition de problèmes psychologiques, comme un état dépressif.
A quoi cela tient-il ?
Plus un régime est restrictif, plus il est source de frustrations. Le point commun à tous les régimes amaigrissants est une réduction plus ou moins importante de l’apport calorique. Or, plus un régime est restrictif, plus il est efficace rapidement. Mais ce qu’on perd, c’est de l’eau et de la masse musculaire, pas de la graisse.
Mais ils rencontrent malgré tout un grand succès…
Oui, parce qu’ils répondent aux attentes de la plupart des personnes : perdre rapidement beaucoup de poids, sans faire trop d’efforts, pour revenir rapidement à leurs anciennes habitudes alimentaires. L’objectif du régime est de faire perdre du poids, mais le maintien du poids perdu est rarement pris en compte… Les régimes avec des consignes simples et directes sont plus attrayants à suivre, ils ne demandent pas une remise en question des habitudes alimentaires, ni des raisons qui poussent à manger, mais leur inefficacité au-delà du court terme est prouvée ! L’obésité est une maladie chronique qui doit être traitée sur le long terme et non ponctuellement, coup par coup, par des régimes.
Mis à part leur inefficacité, les régimes restrictifs ont aussi d’autres conséquences…
La restriction alimentaire, qu’elle soit accompagnée ou non par une diminution des calories, entraîne des conséquences psychologiques et comportementales. Celles-ci risquent de mettre en échec l’effort pour contrôler le poids : les épisodes de restrictions sont souvent suivis de grignotages, d’hyperphagies et/ou de crises compulsives qui vont déboucher inévitablement sur une reprise de poids, et donc sur une perte de confiance en soi, une culpabilisation et une mauvaise estime de soi.
Dès lors, quelles sont vos recommandations ?
Les troubles du comportement alimentaire sont une contre-indication à la perte de poids, au moins dans un premier temps. En effet, les régimes aggravent la situation en présence de troubles du comportement alimentaire ou risquent d’en induire en leur absence. Selon les critères médicaux pour un amaigrissement à long terme, une réduction de poids de 1 à 2 kilos par mois environ est réaliste et souhaitable. Il devrait se baser sur les habitudes alimentaires de chacun et garantir un apport nutritionnel adapté et adéquat.
Les régimes amaigrissants restrictifs ne peuvent être suivis que sur le court terme et ne sont donc absolument pas une solution. L’obésité est une maladie chronique qui nécessite un traitement sur le long terme devant tenir compte des troubles du comportement alimentaire. Nous n’avons donc pas de régimes à conseiller. Au contraire, tout régime amaigrissant est à éviter puisqu’il est inutile et engendre des effets négatifs.
Quelles solutions proposez-vous aux personnes obèses ?
Rendre les personnes conscientes de leur fonctionnement face à l’alimentation, afin de remettre en question et modifier leur comportement alimentaire. Améliorer leur hygiène de vie en restructurant les prises alimentaires, en rééquilibrant l’alimentation pour intégrer de nouvelles habitudes alimentaires et pratiquer une activité physique et régulière.
La prise en charge doit être globale et ne pas se réduire à la perte de poids. Il est impératif de comprendre ce que les personnes vivent sur les plans psychologique et social, d’évaluer la situation et de proposer un traitement des troubles alimentaires si nécessaire : cela se fait idéalement par une équipe pluridisciplinaire (médecin, diététicien, psychologue).
La prise en charge doit donc être personnalisée ?
C’est l’une des clés de son efficacité. Elle doit être applicable au quotidien, tenir compte des besoins, de l’état de santé, des horaires, des possibilités et des choix du patient, de ses ressources, de ses difficultés. Le rôle du soignant est d’accompagner le patient au changement et non de décider du changement à sa place.
Le suivi et le soutien doivent être envisagés sur le long terme, et il est indispensable que le soignant et le patient se posent ensemble certaines questions : pourquoi y a-t-il eu prise de poids ? Pourquoi perdre du poids ? Quelles sont les motivations ? Quels seront les avantages et les inconvénients ? Est-ce le bon moment pour entreprendre cette démarche ? Sur qui, sur quoi le patient peut-il compter pour un soutien ?
On est loin des formules miracles…
Les magazines vendent du rêve, les professionnels la réalité ! Notre but est que la personne concernée parvienne déjà à freiner la prise pondérale, puis à stabiliser son poids et, éventuellement, à perdre du poids de façon réaliste, sans carences, ni privations excessives, dans une optique de santé, tout en se réconciliant avec les aliments. Manger, ce n’est pas seulement avaler des calories, c’est mâcher, avoir du plaisir, apprécier les saveurs des aliments, vivre un moment de partage, de détente, ressentir des sensations… C’est tout cela qu’il faut retrouver !
Les dessous des régimes
- Ils font perdre du poids sur le court terme, mais en prendre sur le long terme.
- Ils aggravent les troubles du comportement alimentaire ou risquent de les induire.
- Ils augmentent la faim, à cause des restrictions.
- Ils engendrent frustrations et compensations alimentaires.
- Ils induisent des émotions négatives, par exemple la culpabilité lorsqu’on craque.
- Ils entraînent une mésestime de soi : on se sent nul de ne pas y arriver; or, ce qui est inadéquat, c’est le régime, pas celui qui essaie de le suivre.
- Ils finissent par coûter (très) cher.
Gestion du poids, le point sur les compléments alimentaires
Pour perdre du poids et maintenir la perte pondérale, les régimes se révèlent inefficaces sur le long terme (lire l’interview de Véronique Di Vetta). Qu’en est-il des compléments alimentaires ? A condition qu’ils soient accompagnés de mesures simples et qu’on n’en attende pas de miracles, ils peuvent être un soutien.Depuis plusieurs années, les médecins et les instances de la santé publique multiplient les recommandations et les mises en garde : la diminution de l’activité physique et la modification des habitudes alimentaires entraînent un déséquilibre entre les apports et les besoins énergétiques avec, pour conséquences, une augmentation du poids et un risque d’obésité dans la population.
Beaucoup de personnes, essentiellement des femmes, s’efforcent de gérer leur poids à l’aide de compléments alimentaires à vertus amincissantes, vendus librement dans les pharmacies et les grandes surfaces. Conscientes de l’importance de ces produits et désireuses de favoriser leur bonne utilisation, les équipes de la Pharmacie Principale ont participé à un atelier organisé avec le Professeur Alain Golay, spécialiste du métabolisme et de l’obésité aux Hôpitaux universitaires de Genève et Véronique Di Vetta, diététicienne diplômée, spécialisée en obésité et troubles du comportement alimentaire, travaillant auprès de la PMU de Lausanne, service d’obésité.
Leur mission est de mieux accompagner et conseiller toute personne désireuse de bien gérer son poids au quotidien. Ils ont analysé les particularités des différents types de compléments alimentaires connus, ce qu’ils peuvent apporter, leurs avantages et leurs inconvénients. La prise de poids chez un adulte n’est pas un phénomène linéaire dans le temps, comme chez un enfant. C’est un processus insidieux, lié à différents événements de la vie et qui, sur un graphique, a l’aspect des dents de scie. Les régimes fréquents, qui font partie de la vie de beaucoup de femmes, ne font qu’entretenir cet effet yoyo défavorable à une perte de poids stable dans le temps.
Perdre quelques kilos et maintenir la perte de poids passe impérativement par un changement de nos habitudes. Il s’agit de les modifier durablement pour retrouver une alimentation équilibrée et bouger plus dans la vie quotidienne, à travers des activités physiques. Dans ce cadre, les compléments alimentaires peuvent être un soutien. Mais en aucun cas une solution miracle.
Pour une meilleure efficacité, tous les compléments alimentaires doivent être accompagnés de conseils sur leur utilisation, afin d’augmenter les chances de réussite à long terme. C’est en les intégrant à notre quotidien qu’on parvient à maîtriser un des éléments de notre santé: notre poids.
Les assistantes en pharmacie, les pharmaciennes et pharmaciens de la Pharmacie Principale sont prêts, grâce à la formation continue, à mieux accompagner les personnes désireuses de perdre quelques kilos. Ils pourront ainsi les aider à maintenir leur perte de poids et à ne pas tomber dans le travers du poids yoyo.
Les compléments alimentaires sous la loupe
Les produits drainants
Différents extraits de plantes aident au renouvellement de l’eau corporelle et favorisent l’élimination d’eau par les reins. Pour que ces produits puissent pleinement agir, il est important de les prendre avec de grandes quantités d’eau.
Conseil Pharmacie Principale: La marche est un complément indispensable aux produits drainants, car elle favorise ce mouvement d’eau dans le corps et améliore l’élimination. Intégrer trois fois dix minutes de marche par jour dans son quotidien est idéal : monter les escaliers, délaisser la voiture pour des trajets de proximité, par exemple.
Les produits qui diminuent l’absorption des graisses
Leur principe est de limiter l’absorption des graisses alimentaires dans les intestins, diminuant ainsi l’apport calorique. Souvent, le surpoids est lié à une alimentation riche en graisses que nous consommons sans nous en apercevoir si nous n’y prenons pas garde. Lorsque nous tartinons de beurre une tranche de pain, nous visualisons la quantité utilisée. En revanche, quand nous mangeons un croissant, un ramequin ou un gratin de pommes de terre, l’évaluation est plus difficile. On parle dans ce cas-là de graisses «cachées». Il est essentiel de traquer les graisses cachées lorsqu’on prend un produit qui diminue l’absorption des graisses, pour éviter des effets secondaires qui peuvent être gênants.
Conseil Pharmacie Principale: Connaître la composition des aliments est un point clé de la gestion du poids. Pour prendre conscience des graisses cachées contenues dans notre alimentation, lisons les étiquettes des aliments que nous achetons, en particulier celles des plats préparés, des biscuits apéritifs ou des pâtisseries industrielles.
Les substituts de repas
Comme leur nom l’indique, ces barres, boissons et autres mueslis contiennent tous les composants d’un repas équilibré et peuvent ponctuellement remplacer un repas. Ils sont vite préparés et, le plus souvent, d’un goût agréable. Les substituts de repas composés d’éléments solides ont l’avantage de contenir, pour la plupart, des fibres. Mais, attention, ces repas contiennent le même nombre de calories qu’un vrai repas léger ! Pour que le cerveau retienne le message que le corps a absorbé de la nourriture, il est nécessaire de consacrer un peu de temps pour son repas, même dix minutes, dans un cadre spécifique. Le substitut de repas englouti en une fraction de minute, tout en pianotant sur son ordinateur, entraînera frustration, faim et envie de grignoter dans l’après-midi, ce qui aura un effet désastreux sur votre poids.
Conseil Pharmacie Principale: N’hésitez pas à vous créer une place agréable au sein de votre univers quotidien et prenez conscience du repas que vous mangez. Ce moment, même s’il ne dure que dix minutes, doit être un instant de détente. Si le repas est liquide, absorbez-le par petites gorgées. Ce repas peut être complété par une portion de fruits (quatre abricots ou un demi-pamplemousse ou une pomme).
Les fibres rassasiantes
Différentes fibres, solubles ou non, ont le pouvoir de gonfler en prenant l’eau, créant ainsi une sensation de satiété. Ces constituants alimentaires d’origine végétale, qui ne sont pas dégradés par les enzymes du système digestif humain, assurent également un meilleur transit intestinal.
Conseil Pharmacie Principale: A prendre avant les repas avec deux grands verres d’eau pour que leur action se manifeste pleinement.
Savez-vous quels sont les aliments riches en fibres ?
Pour 10 grammes de fibres alimentaires, il faut consommer* :
La spiruline
Riche en vitamines, oligoéléments et minéraux, cette microalgue était déjà connue des Aztèques. C’est un aliment à forte densité nutritionnelle et donc un excellent complément pour ne pas perdre son «punch». Elle peut facilement être associée à tout autre complément alimentaire à visée «gestion de poids». De nombreuses études ont démontré ses effets antioxydants, particulièrement appréciés par les sportifs, les personnes âgées ou celles qui sont exposées au soleil. Elle agit aussi comme stimulant immunitaire et fortifiant.
Les compléments alimentaires, lorsqu’ils sont bien utilisés apportent une aide significative à la gestion du poids. Pour une action optimale, il convient de les associer afin d’agir de plusieurs façons en même temps. Et, surtout, il faut se rappeler les gestes, les attitudes qui vont déterminer le succès de la démarche, tels que bouger (drainants), traquer les graisses cachées (inhibeurs de l’absorption des graisses), boire beaucoup (fibres). Ces nouvelles habitudes permettront de faire durer le résultat obtenu, une fois les produits consommés.
*Sources: Table de composition des aliments, Société suisse de nutrition