L’importance de suivre son traitement
Les progrès dans le traitement de l’infarctus du myocarde ont permis de faire chuter le taux de mortalité à l’hôpital, mais le risque d’une rechute dans l’année qui suit l’hospitalisation demeure important. Une étude souligne que l’arrêt du traitement en est l’une des raisons majeures.
La non-adhésion des patients au traitement médicamenteux est fréquente, mais les causes et les conséquences sont mal définies. Cette lacune est partiellement comblée grâce à une étude américaine parue en 2006. Ses objectifs : identifier les facteurs associés à l’arrêt des médicaments par les patients victimes d’un infarctus du myocarde (IM) et évaluer l’impact de cet arrêt dans le mois qui suit l’IM et ses conséquences sur la mortalité dans l’année qui suit.
La plupart des 2498 patients retenus pour l’étude se sont vus prescrire de l’aspirine (90,9%), des bêtabloquants (86,6%) et des statines (80,4%) à la sortie de l’hôpital. Ceci montre que tous les patients n’ont pas bénéficié de ces traitements qui sont tous trois recommandés après un IM. Parmi eux, 1754 patients (70,2%) ont reçu une prescription pour les trois médicaments. L’analyse de cette étude porte sur l’interruption de la prise de ces trois médicaments un mois après l’hospitalisation et de son impact sur la mortalité à douze mois.
Un phénomène courant
Un mois après leur sortie de l’hôpital, les patients étaient convoqués pour un entretien prévu dans le cadre de l’étude : 233 ne se sont pas présentés à l’entretien. Motif : décédé (15), perdu pour le suivi (155), a refusé le contact (9) et trop mal (54). Sur les 1521 patients qui se sont présentés, 1009 (66,3%) avaient continué de prendre les trois médicaments, 184 (12,1%) avaient cessé de prendre les trois médicaments, 56 (3,7%) avaient abandonné deux médicaments et 272 (17,9%) n’en prenaient plus qu’un.
L’arrêt du traitement médicamenteux après un IM est courant et se produit tôt après la sortie de l’hôpital. La plus forte baisse dans l’utilisation des médicaments a eu lieu entre l’hôpital et l’entretien avec les chercheurs, un mois plus tard. Par la suite, les taux sont restés relativement stables.
L’analyse des diverses données recueillies indique que les patients sans diplôme d’études secondaires étaient plus susceptibles d’arrêter tous les médicaments. Il est également apparu que l’âge avait une influence (plus les patients étaient âgés, plus ils étaient nombreux à arrêter leur traitement), de même que le sexe, les femmes étant moins assidues que les hommes. Le célibat et le fait de ne pas être de race blanche représentaient aussi des facteurs de risques accrus.
L’analyse montre qu’un patient sur huit arrête l’ensemble de ses trois médicaments dans le mois qui suit la sortie de l’hôpital avec une augmentation du risque de mourir 12 mois après l’IM. Les résultats montrent que cette tendance est similaire pour l’arrêt de l’aspirine, des bêtabloquants et des statines séparément.
Ces résultats soulignent la nécessité d’améliorer la transition entre les soins hospitaliers et la prise en charge en ambulatoire des patients afin qu’ils continuent à prendre des médicaments qui ont largement fait la preuve de leur efficacité.
*Références sur demande