Médicament: Comment en faire notre meilleur ami
Les traitements médicamenteux sont destinés à obtenir la guérison, ou tout au moins à assurer la survie. Mais aucun traitement n’est anodin. Ils sont presque toujours accompagnés d’effets secondaires, d’effets indésirables ou d’interactions. Les personnes souffrant de maladie(s) chronique(s) exigeant des traitements de longue durée sont les plus exposées à ces risques. L’optimisation des risques liés à chaque traitement est l’un des rôles-clé du pharmacien.
Par Jean-Philippe de Toledo, pharmacien MBA
Les extraordinaires progrès de la médecine au tournant du XXe siècle ont amené certains professionnels de la santé à penser que de nombreuses maladies seraient bientôt éradiquées. Aujourd’hui, plus de 10 ans plus tard, si les maladies infectieuses transmissibles (les maladies que l’on attrape) sont relativement bien sous contrôle, on assiste à une explosion des maladies non infectieuses, non transmissibles (celles que l’on développe à l’intérieur de son corps). Or ces dernières, telles qu’infarctus, attaque cérébrale, cancers et diabète, exigent des traitements de longue durée, souvent composés de plusieurs médicaments.
Tout le monde peut aisément comprendre qu’en fonction du nombre de médicaments, des doses et de la durée du traitement, les médicaments actifs contre la maladie peuvent devenir actifs aussi contre le patient lui-même. Or, si un bon nombre des effets indésirables des médicaments sont aujourd’hui bien connus, certains d’entre eux ne se révèlent qu’avec le temps, créant ainsi une déconnexion entre la cause et les effets.
Un constat inquiétant
Dans un précédent numéro de ma santé (hiver 2011), nous avions rappelé que l’OMS, dans son aide-mémoire, précisait que « d’après les estimations, les réactions indésirables aux médicaments sont une cause de mortalité importante dans certains pays (elles se situent entre le 4ème et le 6ème rang). Le pourcentage des hospitalisations dues à ces réactions oscille entre 10 et 20%. Ce phénomène a de graves répercussions économiques sur les services de soins, et certains pays ne consacrent pas moins de 15 à 20% de leur budget de la santé aux problèmes liés aux médicaments ».
Lorsque l’on parle d’effets indésirables, on pense en premier à des réactions fortes dues à des allergies au médicament ou à des interactions qui vont subitement renforcer exagérément la dose et provoquer des troubles. Mais le plus souvent, les effets négatifs d’un traitement à long terme sont très indirects, et sont par conséquent difficiles à associer au traitement lui-même. Les problèmes peuvent survenir des mois après le début du traitement, ce qui rend leur interprétation hasardeuse. Le patient pense très souvent que c’est normal ou lié à son âge. Il ne fait pas le lien entre ces problèmes et son traitement et peut souffrir ainsi des années inutilement.
Les effets courants et les traitements responsables
Parmi les complications fréquentes résultant de traitements de longue durée, parfois doublées d’interactions avec des aliments, on peut citer notamment la diarrhée, la fatigue, les crampes musculaires, la dysfonction érectile, les douleurs, la dépression.
Ces complications sont associées à des traitements très courants tels que ceux, par exemple, contre l’hypertension, le cholestérol, le diabète, l’acidité et les traitements hormonaux, thyroïdiens et antibiotiques. En général, il s’agit d’une action négative sur les vitamines et les oligoéléments, et de perturbation de la flore intestinale. Les symptômes observés sont donc liés à des déficits induits. Ils sont relativement faciles à corriger, soit par une modification du traitement, soit par une supplémentation adéquate. Encore faut-il pour cela que le patient soit informé des éventuels effets indésirables afin qu’ils puissent les identifier le cas échéant.
Le pharmacien : « pharmagarant » de la sécurité et du bien-être du patient
Le pharmacien étant l’interlocuteur final et celui qui remet le médicament à son patient, c’est à lui qu’il revient de sensibiliser et d’informer les patients sur les risques, et de proposer des mesures pour réduire les effets indésirables. En plus de l’explication sur la bonne utilisation de son traitement dans l’esprit de l’éducation thérapeutique, pour optimiser la sécurité du traitement, le pharmacien doit s’assurer que son patient sera à même d’identifier d’éventuels effets indésirables pour qu’il soit en mesure d’en parler lors de la prochaine visite. En cas de survenue d’effets indésirables, une concertation avec le médecin traitant permettra de réduire les risques et d’apporter un meilleur confort pour la suite du traitement.
La Carte Santé Fidélité
Pour optimiser la santé de nos patients et réduire les risques liés au médicament, à la Pharmacie Principale, nous avons développé un outil performant : La Carte Santé Fidélité (CSF), véritable clé permettant l’accès à plusieurs approches de gestion des risques. Le métabolisme de chacun étant spécifique, il est indispensable de pouvoir proposer une démarche personnalisée et pertinente pour identifier les risques individuels.
La CSF dépiste d’éventuelles incompatibilités, risques ou conflits entre :
- Des médicaments figurant sur une même ordonnance
- Des médicaments figurant sur les ordonnances de plusieurs médecins pour des traitements apparemment sans relation entre eux
- Des médicaments pris occasionnellement ou en complément de ceux prescrits par le médecin.
La combinaison d’une approche de type ISO pour le traitement de l’ordonnance, des principes de l’éducation thérapeutique, du partenariat avec le médecin et de l’utilisation de la Carte Santé Fidélité permet d’optimiser le traitement et de diminuer les risques ainsi qu’un éventuel inconfort. Une approche qui répond aux exigences de l’OMS qui recommande de : « veiller à ce que les médicaments prescrits aient la qualité requise, soient sûrs, efficaces et utilisés par le bon patient, à la posologie et au moment voulus ».