Profession sage-femme
Le métier de sage-femme est l’un des plus anciens qui soit, mais il est souvent méconnu. Patricia Bydovsky, sage-femme hospitalière aux HUG, en raconte les multiples facettes.
Par Patricia Bernheim
«Peu de futures mamans le savent : en tant qu’experte de la maternité, nous sommes compétentes et habilitées à les suivre, les conseiller et les soigner de façon autonome du début de la grossesse à la fin du post-partum, y compris pendant l’accouchement ». Effectivement, en Suisse, seule la moitié des femmes ont recours aux prestations de l’une des 750 sages-femmes indépendantes durant leur maternité, le plus souvent parce qu’elles ignorent que ces dernières proposent un large panel de services, dont un suivi global.
Lorsque les futures mamans sont suivies en milieu hospitalier, ce sont les sages-femmes qui assurent les consultations après la première échographie, ainsi que les accouchements. Le médecin n’intervient que si des complications se présentent. Elles rencontrent les futures mamans entre sept et huit fois, plus si leur état de santé (diabète, hypertension) le nécessite, et leur proposent toute une série de cours en plusieurs langues axés sur la préparation à la naissance et à la parentalité.
Avant «Durant la grossesse, notre rôle est de donner des conseils en matière de santé, par exemple manger deux fois mieux et non deux fois plus. Nous apprenons aussi aux femmes à repérer les signes d’alerte, ceux pour lesquels il est urgent de consulter. Une part des entretiens est ciblée sur la préparation à la parentalité, les incidences sur la vie sociale ou sexuelle. Le but est d’aider les femmes à devenir maman, de leur expliquer les changements qui vont intervenir dans leur existence, mais aussi ce qui ne va pas changer», souligne Patricia Bydovsky.
«Nous parlons aussi de ce que cela représente pour elles de devenir mère. On a l’idée qu’une femme enceinte est une femme heureuse, mais ce n’est pas aussi simple. Une grossesse peut générer un stress extrême, de fortes angoisses. Mettre leur histoire à plat peut révéler d’éventuels futurs problèmes. La dépression post-partum, à ne pas confondre avec le baby-blues qui dure de 2 à 10 jours, concerne 10% des femmes. Or celles-ci ne parlent pas de leur détresse parce qu’elles n’osent pas ou parce que, à l’image des femmes migrantes, elles n’ont pas de réseau social. Il est donc important de les accompagner avant l’accouchement, de tisser une relation de confiance et de continuer à les suivre après la naissance ».
Enfin, tous les aspects pratiques de l’accouchement sont évoqués et consignés dans un plan de naissance, intégré au dossier médical. « Cela permet aux parents de réfléchir à l’accouchement et d’indiquer tout ce qui leur tient à cœur : les futures mamans souhaitent-elles une péridurale, pouvoir marcher, bouger, allaiter, sentir leur bébé peau à peau ? Notre rôle est d’accompagner le couple dans ses souhaits, sauf si un acte médical s’avère nécessaire ».
Pendant « La salle d’accouchement, c’est la partie du travail la plus intense. En dehors des aspects purement techniques, nous sommes là pour accompagner et respecter les souhaits des femmes. Un accompagnement réussi, c’est celui où la femme a eu tout ce dont elle avait besoin sans même s’en rendre compte. Notre rôle est aussi de détecter ce qui serait pathologique et d’être des intermédiaires, des médiatrices ».
Après Il commence déjà en salle d’accouchement : aider les parents à accueillir le nouveau-né et les femmes à avoir confiance en elle. Elles sont les mieux placées pour savoir ce qui est bon pour leur bébé. C’est tout de suite après, aussi, que nous préparons la mise en place de l’allaitement ».
« Lorsque la maman rentre chez elle, nous nous rendons à son domicile pour surveiller son état physique et émotionnel, la santé du bébé et s’assurer que l’allaitement se déroule bien. Nous sommes aussi là pour accompagner le couple pendant cette « crise » que représente l’arrivée du bébé. L’idée est de les aider, de rassurer le mari, de donner confiance à la jeune maman et de lui rappeler qu’elle reste une femme, aussi ».
Bien plus que des accoucheuses, les sages-femmes exercent au carrefour de plusieurs professions et leur accompagnement tout au long de la maternité est capital. Leurs prestations sont d’ailleurs prises en charge par la Lamal.
- Liste des sages-femmes indépendantes dans le canton de Genève sur le site de la Fédération suisse des sages-femmes www.hebamme.ch
- Arcade des sages-femmes, 85 Bd Carl Vogt, Genève. Permanence téléphonique 7/7 jours au 022 329.05.55. Des cours de préparation pour les pères y sont aussi proposés.