Interview du Dr Fanton: des clés pour bien se nourrir lorsqu'on est enceinte
Gynécologue-obstétricien, le Dr Bernard Fanton s’intéresse depuis longtemps à la nutrition des femmes avant et pendant la grossesse. Et pour cause ! C’est un élément capital pour que celle-ci se déroule au mieux et que le fœtus se développe de manière optimale.
Propos recueillis par Patricia Bernheim
Jeune étudiant en médecine, Bernard Fanton a vu des patientes mourir d’éclampsie et cela l’a profondément marqué. Cette maladie, redoutée par tous les gynécologues, se manifeste par une série de convulsions accompagnée d'une perte de conscience, ressemblant à une crise d'épilepsie, et survient chez une femme en fin de grossesse, pendant ou après l'accouchement. La mort du fœtus est l’une des conséquences possibles, tout comme celle de la mère. Tout doit donc être mis en œuvre pour éviter cet accident.
Fort heureusement, une crise d’éclampsie ne surgit pas soudainement. Elle est précédée d’une pré-éclampsie, une maladie caractérisée par l'association d'une hypertension artérielle, d'une protéinurie (présence de protéines dans les urines), d'une prise de poids avec oedèmes au niveau des chevilles et des jambes et d’une bouffissure des paupières. Les patientes se plaignent de céphalées pénibles, de bourdonnements d'oreille, de somnolence inhabituelle et de troubles oculaires.
La pré-éclampsie est fréquente, puisqu’elle concerne une femme enceinte sur 20, mais sa cause reste assez mystérieuse. Pour le Dr Bernard Fanton, pourtant, la relation entre la nutrition des femmes avant et pendant leur grossesse et la pré-éclampsie ne fait rapidement plus aucun doute. Mais ses propos vont à l’encontre du discours habituel qui consiste à dire aux femmes enceintes : « mangez pour deux ! » et « mangez tout ce que vous voulez ! ».
« Etre enceinte est un état normal, pas une maladie. Les femmes ne pensent pas que leur grossesse puisse mal se terminer. Quand on leur annonce que si elles mangent mal ou si elles fument, cela peut mal finir, elles tombent des nues », explique le spécialiste. « Pourtant, il faut savoir que la grossesse perturbe fortement le métabolisme de la future maman, ce qui les rend plus sensibles à une alimentation chaotique. C’est un facteur de rapidité à la pathologie. En neuf mois, le corps peut fabriquer des éléments qui se révéleront, à plus ou moins long terme, néfastes pour l’enfant ou la mère ».
Le régime le mieux adapté
Au cours de sa carrière, le Dr Fanton a ainsi connu trois périodes de diminution et de disparition des risques et complications liés à la grossesse, tels que l’éclampsie. La première avec l’apparition des vasodilatateurs et de l’héparine, la seconde avec l’évolution du régime hyper-protéidique vers le régime crétois et, enfin, avec la mise sous antioxydants (acides foliques, omega 3).
« Pour éviter les risques, rien ne vaut le régime crétois, de loin le mieux adapté à la femme enceinte », recommande le Dr Fanton. S’il n’est pas question de se servir double ration sous prétexte qu’on est désormais deux, il faut veiller à ne pas être carencée de manière à assurer le développement optimal du fœtus.
Selon l’OMS, ce développement optimal est associé à une multitude d’effets bénéfiques tout au long de l’existence. Parmi ceux-ci : un meilleur état de santé à l’âge adulte et une moindre fréquence de l’obésité et des maladies non transmissibles comme le diabète de type 2, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires.
Les aliments à éviter
Certaines infections alimentaires peuvent avoir des conséquences importantes chez la femme enceinte. Pour éviter des maladies graves comme la toxoplasmose et la listériose, il est recommandé de prendre des précautions d’hygiène strictes pour la conservation et la manipulation des aliments et d’éviter :
- La viande peu cuite ;
- Certains aliments crus tels que les poissons fumés, le lait et les fromages au lait cru ;
- Les charcuteries telles que rillettes, pâtés et produits en gelée ;
- Les croûtes de fromage ;
- L’alcool, à supprimer complètement ou à limiter à un verre de vin occasionnel ;
L’excès d’aliments trop caloriques, puisque l’obésité maternelle multiplie les risques pour la mère et pour l’enfant : hypertension artérielle, toxémie gravidique, diabète, infections urinaires, accidents thromboemboliques et risques accrus à l’accouchement.
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