Ces mycoses encore si taboues
Trois femmes sur quatre sont atteintes d'une mycose vaginale au moins une fois dans leur vie. Or, bon nombre d'entre elles n'osent pas en parler et ne connaissent donc pas les véritables causes de cette infection.
Par Patricia Bernheim
Démangeaisons et sensations de brûlure dans la zone intime, sécrétions blanchâtres à grumeleuses, douleurs en urinant ou pendant les rapports sexuels, rougeurs et/ou gonflement des tissus dans la zone intime... Ces symptômes sont plutôt fréquents, puisque trois femmes sur quatre en souffrent au moins une fois au cours de leur existence, certaines régulièrement. Par gêne, pourtant, elles abordent rarement le sujet et sont souvent mal informées de la nature d’une mycose vaginale et de ses causes.
Elles sont, par exemple, encore nombreuses à croire les rumeurs prétendant que la mycose est causée par un défaut d'hygiène ou que l'infection se transmet par des toilettes souillées.
"Bonnes bactéries" contre levures nocives
En vérité, la mycose vaginale est une infection du vagin et des organes génitaux externes de la femme, causée par des levures (champignon) de type Candida albicans que nous hébergeons tous dans notre organisme. On en trouve ainsi dans la flore vaginale et intestinale des femmes en bonne santé.
La muqueuse vaginale est surtout peuplée de bactéries appelées lactobacilles ou bactéries lactiques. Elles assurent le maintien d’un milieu acide dans le vagin (pH d’environ 4). La présence de ces « bonnes » bactéries et le pH acide empêchent la prolifération incontrôlée des champignons. Si cet équilibre naturel est dérangé, que les levures prolifèrent de façon incontrôlée, elles peuvent provoquer une infection vaginale.
Plusieurs causes peuvent perturber cet équilibre:
- Changements hormonaux : prise de la pilule contraceptive par exemple, cycle menstruel, ménopause, grossesse ou passage brusque dans une autre zone climatique.
- Diabète ou dysfonctionnement thyroïdien.
- Infections affectant une autre zone de l’organisme. Ses défenses sont alors trop fortement sollicitées, ce qui facilite l’apparition d’une nouvelle infection.
- Prise d’antibiotiques ou de médicaments affectant les défenses immunitaires de l’organisme.
- Hygiène intime exagérée ou utilisation de produits inadaptés : savon alcalin, produits de bain ou désodorisants intimes peuvent agresser le manteau protecteur naturel de la peau et contribuer à la prolifération incontrôlée des levures. Le fait de se laver trop souvent est également néfaste pour le milieu vaginal naturel.
- Transfert de champignons venant de l’intestin.
- Fréquence des infections par mycose vaginale.
- Certaines maladies (diabète sucré par exemple) ou une défaillance immunitaire générale, causée par une infection respiratoire ou par le stress, favorisent, elles aussi, l’apparition d’une mycose vaginale.
Sus aux champignons !
Pour éviter toute infection par une mycose vaginale, il est recommandé de porter des sous-vêtements en coton et des vêtements pas trop ajustés, ce qui stimule les échanges thermiques et la circulation de l'air sur la peau. Le linge en fibre synthétique et les vêtements serrés génèrent en revanche un climat chaud et humide, idéal pour la prolifération des champignons. Il est recommandé de changer de sous-vêtements tous les jours et de les laver à au moins 60 degrés. Les textiles délicats se lavent à 20 degrés avec un additif de lavage spécial (en vente dans les pharmacies ou drogueries).
Traitement
Une mycose vaginale est toujours désagréable.
Il est d’autant plus important de commencer le traitement le plus tôt possible qu’il est fort peu probable que l’infection disparaisse toute seule. Les femmes reconnaissant les symptômes et ayant déjà consulté un médecin à ce sujet peuvent se procurer des médicaments en vente libre dans les pharmacies pour le traitement local. Cependant, il est recommandé aux femmes enceintes, ayant moins de 18 ans ou qui souffrent d’une mycose vaginale plus de quatre fois par an, de consulter leur médecin. Il en va de même si des symptômes atypiques, tels que fièvre, douleurs, saignements, sécrétions nauséabondes, cloques ou verrues, apparaissent.
A titre préventif, pour éviter des récidives, les femmes peuvent également prendre des probiotiques, actifs sur la flore vaginale comme sur la flore intestinale. Cela ne dispense pas pour autant de suivre un traitement spécifique en cas d'apparition d'une mycose.