La vitamine D plus efficace que le vaccin?
Selon un article publié dans le New York Times en 2008*, un nombre croissant d’immunologistes et d’épidémiologistes affirment que le vaccin contre la grippe « ne fonctionne probablement pas très bien pour les personnes de plus de 70 ans ». Or ce groupe représente les trois quarts de tous les décès consécutifs à une grippe.
Adaptation Patricia Bernheim
Dans cet article, le Dr Donald W. Miller, professeur à l’Université de Washington, à Seattle, déclare : « Le vaccin contre la grippe, fortement recommandé aux personnes de plus de 65 ans depuis plus de quatre décennies, n’est plus considéré comme une protection particulièrement efficace contre le virus de la grippe ». Un nombre croissant de spécialistes mettent en effet en doute son efficacité chez les plus de 70 ans. L’auteur se réfère notamment à une étude réalisée à Seattle sur 3500 personnes âgées de 65 à 94. Son but était de déterminer si les vaccins contre la grippe sont efficaces pour les protéger contre des complications telles qu’une pneumonie.
Selon les autorités sanitaires, plus de 34 000 des 36 000 décès américains causés par la grippe sont en fait dus à des maladies associées à la grippe, telles que des maladies pulmonaires et cardio-vasculaires.
L’étude menée à Seattle, publiée dans le New York Times et d’autres journaux américains, révèle que le vaccin antigrippal ne protège pas les personnes âgées contre la survenue d’une pneumonie. Celle-ci survient avec une fréquence égale chez les personnes de plus de 65 ans, qu’elles soient ou non vaccinées contre la grippe.
Etudes biaisées
Pour le Dr Donald W. Miller, l’incidence du vaccin sur la pneumonie a probablement été surestimée dans les études antérieures, parce qu’elles n’avaient pas tenu compte de la présence et de la gravité d’autres maladies chez les personnes non vaccinées.
L’étude de Seattle a révélé que les personnes en bonne santé et soucieuses de le rester étaient les plus enclines à se faire vacciner annuellement contre la grippe. Les personnes plus vulnérables, qui ont des problèmes de mobilité, sont moins susceptibles de se rendre chez un médecin ou dans un centre de vaccination. Elles sont aussi plus susceptibles d’être plus proches de la mort.
D’autres chercheurs remettent également en question l’incidence de la vaccination antigrippale sur la mortalité. Aux Etats-Unis, la couverture vaccinale chez les personnes âgées est passée de 15% en 1980 à 65% en 2008, mais aucune diminution des décès causés par la grippe et la pneumonie n’a été enregistrée.
Le facteur saisonnier
Le virus de la grippe circule toute l’année. Dans les zones tempérées des hémisphères nord et sud, les épidémies de grippe se produisent pendant la période froide de l’année, respectivement d’octobre à mars et d’avril à septembre. Sous les tropiques, elles surviennent pendant la saison des pluies.
Pour expliquer les raisons pour lesquelles les épidémies de grippe se produisent en hiver dans les zones tempérées, plusieurs hypothèses sont avancées : les personnes passent plus de temps à l’intérieur et sont donc plus en contact les unes avec les autres ; le chauffage dessèche les muqueuses et les empêche ainsi d’expulser les particules virales ; le virus survit plus longtemps sur des surfaces exposées au froid, comme les poignées de portes. Fort bien. Mais aucune de ces raisons n’explique les épidémies de grippe dans les régions tropicales.
Les climats chauds et froids ont en revanche un point commun : lors d’une épidémie de grippe, où que ce soit, il se trouve que l’atmosphère bloque les rayons ultraviolets B (UVB) du soleil. Dans les zones tempérées, au-dessus de 35 degrés de latitude, au nord comme au sud, le soleil est à un angle assez bas en hiver, si bien que la couche d’ozone dans l’atmosphère absorbe et bloque les rayons de longueur d’onde courte UVB (280-315 nm). Sous les tropiques, pendant la saison des pluies, ce sont les couches épaisses de nuages qui bloquent les rayons UVB.
La fabrication de la vitamine D
La peau contient un dérivé du cholestérol, le 7-déhydrocholestérol. Les rayons UVB sur la peau casse l’un des anneaux de carbone de cette molécule pour former la vitamine D. Celle-ci régule l’expression de plus de 1000 gènes dans le corps, y compris les macrophages, cellules du système immunitaire qui, entre autres, attaquent et détruisent les virus. La vitamine D active les macrophages qui fabriquent des peptides antimicrobiens, autrement dit les antibiotiques que notre corps produit. Comme les antibiotiques, ces peptides attaquent et détruisent les bactéries. Mais, contrairement aux antibiotiques, ils attaquent et détruisent aussi les virus… sans toxicité ni effets secondaires.
L’hypothèse selon laquelle le caractère saisonnier de la grippe s’explique par le fait que c’est une maladie due à une carence en vitamine D semble crédible. C’est celle émise dans une étude réalisée par d’autres chercheurs qui citent Hippocrate : « Celui qui veut étudier la médecine correctement devrait en premier lieu examiner les saisons de l’année ». Or les taux de vitamine D dans le sang sont au plus bas en automne et en hiver, saison pendant lesquelles la grippe survient. Dans l’incapacité d’être protégée par les antibiotiques que l’organisme fabrique, les peptides antimicrobiens, une personne avec un faible taux de vitamine D dans le sang présente plus de risques d’attraper un rhume, la grippe et d’autres infections respiratoires.
Une vitamine essentielle
Un nombre croissant de preuves indique que le rachitisme chez l’enfant et l’ostéomalacie chez l’adulte (un ramollissement des os dû à un défaut de minéralisation osseuse) ne représente que la pointe de l’iceberg des conséquences d’un déficit en vitamine D. La tuberculose et diverses maladies auto-immunes, comme la sclérose en plaques, le lupus et le diabète de type 1, ont un lien causal avec de faibles taux de vitamine D dans le sang. Cette carence joue aussi un rôle dans l’hypertension artérielle, les maladies coronariennes, l’insuffisance cardiaque congestive, les maladies vasculaires périphériques et les AVC. Elle est également un facteur de risques du syndrome métabolique et du diabète de type 2, de fatigue chronique, de dépressions et de dépressions saisonnières, de cataractes, d’infertilité et d’ostéoporose. A la base de l’iceberg, on trouve le cancer. Il est prouvé que les carences en vitamine D sont un facteur causal dans une quinzaine de formes fréquentes de cancers.
L’augmentation du nombre de décès qui survient en hiver, en grande partie dûs à une pneumonie et aux maladies cardio-vasculaires, semble donc bien imputable à une carence en vitamine D.
Nos besoins en vitamine D
Une personne à la peau claire synthétise 20.000 UI de vitamine D en 20 minutes en bronzant sur une plage tropicale. Au-delà, la synthèse de vitamine D s’arrête pour le restant de la journée. Il faut 6 à 10 fois plus de temps à une personne à la peau foncée pour atteindre ce taux.
Le lait maternel ne contient pas de vitamine D, raison pour laquelle on administre aux nourrissons un complément. D’un point de vue évolutif, cela s’expliquerait par le fait que les enfants de nos ancêtres africains, qui ont grandi près de l’équateur, pouvaient facilement synthétiser ce gène régulateur puisque leur peau était très exposée au soleil. Les aliments contiennent très peu de vitamine D. Les concentrations les plus élevées se trouvent dans le saumon sauvage, le maquereau, les sardines et l’huile de foie de morue.
Enjeux financiers
Toujours selon le Dr Donald W. Miller, les préoccupations au sujet de la toxicité de la vitamine D sont exagérées. On peut prendre quotidiennement 10 000 UI de vitamine D sans effets indésirables. Chez les personnes en bonne santé, il faudrait une consommation à long terme de plus de 40 000 UI par jour pour provoquer une élévation du taux de calcium dans le sang (hypercalcémie), la première manifestation de la toxicité de la vitamine D.
La vitamine D est-elle plus efficace que le vaccin pour prévenir la grippe ? Il y a de bonnes raisons de croire que c’est effectivement possible.
Une étude menée en double-aveugle en 2007 démontre que la prise de vitamine D est significativement plus efficace qu’une pilule placebo pour prévenir les rhumes et la grippe.
Une grande étude comparant la vitamine D aux vaccins, menée sur plusieurs épidémies de grippe, démontrerait de manière concluante ce qui est le plus efficace et le moins risqué (lire encadré). Mais, lorsqu’on connaît les enjeux financiers qui sous-tendent les vaccins contre la grippe et qu’on tient compte du fait que la vitamine D n’est pas brevetable, on peut douter que quiconque la finance un jour.
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