La dépression, ce tunnel sans fin
Parmi les maladies psychiques invalidantes, la dépression est la plus répandue. Une personne sur trois risque d’en souffrir une fois au cours de sa vie. Elle reste pourtant mal connue et mal soignée, alors que des traitements efficaces existent.
Contrairement à la déprime qui décrit un sentiment de mal-être le plus souvent passager, la dépression est une vraie maladie. Elle affecte à la fois le corps et l’esprit, mais ne se détecte ni par une radiographie ni grâce à un examen sanguin. Elle est impalpable et subjective. Les mots pour la décrire font même souvent défaut. Enfin, elle revêt différents aspects d’une personne à l’autre, ce qui la rend encore plus difficile à cerner.
Pour distinguer une dépression d’une déprime, les spécialistes se sont mis d’accord sur un certain nombre de critères. Ils suspectent une dépression lorsque les symptômes suivants sont présents toute la journée et durant deux semaines au moins.
- Humeur dépressive et/ou diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir dans presque toutes les activités, pratiquement toute la journée et presque tous les jours
- Autodévalorisation, culpabilité
- Détresse
- Idées noires
- Anxiété
- Problèmes de concentration (même les tâches anodines deviennent insurmontables).
Sur le plan physiologique, la dépression peut se manifester par des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie), du comportement alimentaire (avec ou sans prise de poids). La personne se sent par ailleurs comme anesthésiée psychiquement, affectivement et physiquement.
Comme la dépression a de nombreux visages, toutes les personnes dépressives ne présentent pas l’ensemble de ces symptômes et l’intensité de ceux-ci peut varier d’un patient à l’autre. Mais, si ces signes perdurent au-delà de quinze jours, il est important de prendre rendez-vous avec son généraliste qui conseillera, le cas échéant, de consulter un psychologue ou un psychiatre. Outre le fait que c’est une maladie de longue durée, elle a un caractère récurrent dans 75 à 80% des cas et chronique dans 15 à 20% des cas, le risque de rechute augmentant après chaque épisode dépressif. Environ 15% des personnes souffrant de dépression grave se suicident et 56% tentent de mettre fin à leurs jours. Or, beaucoup ignorent que, plus la dépression est dépistée – et donc traitée – tôt, meilleur est le pronostic.
Touche qui ? Elle affecte 300 millions de personnes de par le monde, de tous les âges, de tous les milieux et de tous les styles de vie. Elle est plus fréquente chez les jeunes adultes (sept dépressifs sur dix ont moins de 45 ans) et chez les femmes (deux fois plus nombreuses), mais elle n’épargne ni les enfants ni les personnes âgées. Fréquente et en augmentation, elle peut donc frapper chacun. Pour certains experts de la santé, elle sera très probablement, dans les vingt prochaines années, la deuxième maladie du monde occidental, juste après les maladies cardiovasculaires.
Pourquoi ? Plutôt qu’une cause bien établie, c’est plutôt une combinaison de facteurs environnementaux, biochimiques, héréditaires et psychosociaux qui est, le plus souvent, à l’origine de cette maladie. Un déséquilibre de la chimie du cerveau, en particulier une baisse de la fabrication de certains neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine...), ou un mauvais passage de l’information peuvent être, en partie, responsables des dépressions. Les personnes dont des proches ont souffert de dépression sont plus susceptibles d’en être eux-mêmes victimes. D’un point de vue génétique, l’hypothèse la mieux admise aujourd’hui est que plusieurs gènes peuvent avoir une influence sur la survenue d’une dépression. Par ailleurs, si la consommation d’alcool ou de drogues associée à des médicaments peut entraîner des interactions favorisant les dépressions, il est vrai aussi que la prise excessive de ces substances peut être une tentative de masquer un état dépressif. Enfin, une chose est sûre : la dépression n’a rien à voir avec une faiblesse de caractère ni avec un manque de volonté. Secouer la personne et l’inciter à faire un effort n’a pas d’autre effet que de l’enfoncer encore plus.
Comment en sortir ? Selon l’OMS, 50% des personnes atteintes de dépression endurent de réelles souffrances psychiques et d’une atteinte importante à leur qualité de vie sans être ni diagnostiquées ni soignées. Or, des traitements contre la dépression existent. Les antidépresseurs ont démontré leur efficacité chez 75% des personnes souffrant de dépression sévère. Contrairement à la croyance populaire, ils n’entraînent pas de phénomène de dépendance ou psychique ou physique. Les thérapies cognitivo-comportementales, associées ou non à des antidépresseurs, obtiennent de bons résultats Enfin, la micronutrion et la phytothérapie ou encore l’aromathérapie offrent, elles aussi, des solutions.
Quel que soit le traitement, plus la prise en charge sera précoce et plus ce dernier sera efficace. Si vos symptômes perdurent, n’hésitez donc pas à en parler à votre médecin. Ce sera déjà un premier pas vers le mieux-être.
Alliance contre la dépression
Partant du constat que la prévention des troubles psychiques et la promotion de la santé mentale, plus particulièrement chez les adultes, nécessitaient d’être développées, particulièrement en ce qui concerne la maladie dépressive, l’Etat de Genève a adhéré au programme européen « Alliance contre la dépression ». Son but est d’apporter des solutions pour améliorer la prise en charge et les conditions de vie des personnes dépressives. Entre autres mesures, une ligne téléphonique sera activée dès le début de l’année prochaine à leur intention et à celle de leurs proches ainsi qu’un site recueillant toutes les informations concernant les actions de l’Alliance.