Le mélanome ne passera pas par moi
La Suisse détient un triste record en matière de cancers de la peau. Elle est en tête de la liste des pays européens et en deuxième position, après l’Australie, sur le plan mondial. Et pourtant, on peut le prévenir !
Par Patricia Bernheim
Chaque année, la Suisse recense 22 cas de nouveaux mélanomes pour 100 000 habitants. Les cancers cutanés non mortels sont encore plus nombreux, avec 160 nouveaux cas pour 100 000 habitants, soit 12 000 pour toute la Suisse, selon les chiffres publiés en avril dernier par l’OFSP.
Chez les jeunes adultes, le mélanome est l’un des types de cancers les plus fréquents. Dans la catégorie des moins de 50 ans, l’augmentation et la fréquence sont nettement plus élevées chez les femmes que chez les hommes. Chez les plus de 70 ans, la tendance s’inverse.
Plus de 250 personnes meurent chaque année des suites d’un mélanome. La mortalité est plus basse chez les femmes qui, de manière générale, surveillent plus régulièrement leur peau et consultent plus rapidement un médecin en cas de lésion suspecte. Si il a diminué chez les femmes au début des années 90, le taux de décès par mélanome s’est en revanche stabilisé depuis les années 2000 à environ 2 décès pour 100 000 habitants.
Les causes
On sait qu’une exposition excessive aux UV est la cause principale des cancers de la peau. En revanche, la raison pour laquelle ils sont aussi nombreux en Suisse n’est pas encore définitivement établie. Plusieurs pistes concernant les changements de comportement face au soleil sont à l’étude, parmi lesquelles figurent l’utilisation des solariums, la prédilection pour les loisirs en plein air et les vacances au soleil en hiver. Ce type d’exposition intermittente et intensive explique pourquoi le mélanome est devenu si fréquent dans les pays riches et les couches socio-économiques élevées.
De manière générale, ce sont les parties du corps exposées de manière intermittente au soleil (tronc, bras) qui ont subi la plus forte croissance, en Suisse comme à l’étranger. Particularité suisse et tyrolienne : la présence élevée de tumeurs sur la tête, le cou et la nuque qui pourrait être liée à une exposition en altitude durant toute l’année (randonnée, ski, alpinisme) dans un environnement à fortes irradiations solaires.
Les facteurs de risques
Aujourd’hui, les facteurs de risques de mélanome sont bien connus. On sait aussi que chacun de ces facteurs agit de façon indépendante et est susceptible de multiplier par deux le risque de mélanome. Les risques sont en effet cumulables et se potentialisent : présenter deux de ces facteurs multiplie le risque par 10, qui se multiplie par 20 si l’on en présente trois.
- Antécédents de brûlures solaires de stade 2 (avec cloques) à l’adolescence.
- Chevelure blonde ou rousse.
- Nombreuses taches de rousseur en haut du dos, signe d’une exposition importante au soleil.
- Antécédents familiaux de mélanome.
- Kératose actinique ou solaire (antécédent ou actuel) : lésions précancéreuses sur les zones exposées au soleil (taches arrondies, rouges ou brunâtres, douloureuses, avec une peau épaissie qui desquame).
- Travail au grand air en été pendant l’adolescence durant trois ans ou plus.
Si vous présentez un ou plusieurs de ces facteurs, une auto-inspection très régulière de votre peau s’impose. Les tumeurs cutanées dépistées précocement étant aisément guérissables, consultez également un dermatologue une fois par an.
Prévenir et dépister
L’OFSP s’investit depuis une vingtaine d’années dans la lutte contre les cancers de la peau par des campagnes d’information et de dépistage visant à réduire l’incidence de ce type de cancer, améliorer la survie et faire baisser le taux de mortalité. Les résultats montrent que les connaissances des Suisses en matière d’effets nocifs du soleil et de protection augmentent, mais que l’association bronzage et bonne santé demeure encore très présente. C’est pourtant l’inverse qui est vrai : le bronzage est avant tout le signe que la peau a été agressée par le soleil et, en répétant ces agressions, on multiplie les risques d’un cancer de la peau.
Soleil : mode d’emploi
- Limitez les expositions intempestives au soleil.
- Evitez les coups de soleil, particulièrement durant l’enfance et l’adolescence.
- Préférez l’ombre au soleil, surtout entre 11 et 16 heures.
- Au soleil, portez chapeau, lunettes et habits protecteurs.
- Les enfants de moins de 2 ans restent à l’ombre.
- Appliquez généreusement les produits solaires au moins 30 minutes avant de vous exposer au soleil, pour que les filtres anti-UV puissent se répartir dans les couches supérieures de la peau. N’oubliez pas vos lèvres, votre nez et vos oreilles. Renouvelez régulièrement l’application : la transpiration ou le contact avec l’eau peuvent réduire l’efficacité des produits, même résistants à l’eau.
- L'utilisation d’un solarium présente un risque potentiel pour la santé. Les personnes présentant un type de peau clair, des yeux et des cheveux clairs devraient totalement y renoncer.