Probiotiques et allergies

Selon plusieurs études, les probiotiques auraient des effets spécifiques sur les cellules épithéliales et les défenses immunitaires, avec un potentiel antiallergique. L’une d’entre elles* s’est penchée sur les relations entre les probiotiques et les problèmes de peau en pédiatrie.
Apparu pour la première fois en 1965, le terme « probiotique » a été inventé par deux vétérinaires pour définir le contraire des antibiotiques. En vingt ans, les recherches scientifiques ont reconnu l’existence d’un équilibre dynamique entre la nutrition, la microflore intestinale et ses hôtes sains.
L’intestin humain est stérile durant la vie fœtale et le demeure durant vingt-quatre heures après la naissance. Le nouveau- né subit alors une colonisation rapide de son intestin par plusieurs bactéries qui dépendent de différents facteurs, tels que le type d’accouchement, l’environnement dans lequel le bébé vit et la manière dont il est nourri.
Les microorganismes A cause de sa teneur en oligosaccharide, l’allaitement stimule l’augmentation dans l’intestin de microorganismes anaérobiques, tels que les bifidobacteria et quelques autres spécifiques à la flore intestinale des enfants. Des études bien documentées résument ainsi les bénéfices des microorganismes : modulation des fonctions digestives, comme l’absorption des nutriments et des sels minéraux; synthèse de certaines vitamines (B et K); stimulation du système immunitaire et réduction des risques d’allergies; barrière contre le développement des pathologies de la flore; meilleure résistance aux infections; réduction des épisodes diarrhéiques; limitation du développement de certaines maladies et baisse du cholestérol.
Si le bébé est nourri au biberon, une flore intestinale mixte se développe dans son intestin, avec une réduction des bifidobactéries et une plus grande présence d’autres germes qui, dans certaines conditions, peuvent générer des pathologies. Lorsque l’allaitement est complété par des biberons, le profil de la microflore intestinale de l’enfant est similaire à celle des enfants nourris au biberon et les bifidobactéries ne sont pas dominantes.
Après le sevrage, la microflore intestinale est similaire à celle des adultes, avec une augmentation des bactéroïdes et du nombre de Gram positifs anaérobies.
Une étude menée auprès d’enfants estoniens, peu sujets aux allergies, montre une forte présence de lactobacilles dans leur flore intestinale; parmi les enfants suédois, très enclins aux allergies, les clostridium sont prédominants. Des études plus poussées ont trouvé une colonisation moins importante de lactobacilles chez les enfants allergiques que chez les enfants non allergiques, avec une prévalence de bactéries anaérobiques (coloform et Staphylococcus aureus). Par ailleurs, in vivo comme in vitro, de nombreuses études ont démontré que les lactobacilles modulent le système immunitaire contre les allergies. C’est une évidence dans la petite enfance, lorsque le système immunitaire s’écroule, peut-être définitivement, parce qu’il est immature.
Ces données contribuent à l’hypothèse, même si elle n’est pas totalement acceptée, selon laquelle les allergies cutanées, respiratoires et gastro-intestinales sont secondaires à une réduction des infections dans la prime enfance avec, pour conséquence, un équilibre altéré de la flore intestinale qui influence de manière significative le système immunitaire.
Une présence élevée d’acide caproïque dans les selles suggère que la microflore intestinale pourrait être altérée chez les bébés allergiques. Le fait est que les enfants qui développent des allergies présentent un faible taux de bifidobactéries, d’organismes anaérobiques Gram positifs et enterococci, mais des niveaux plus élevés de clostridia et Staphylococcus aureus.
Autre hypothèse : l’altération de l’équilibre de la flore intestinale serait secondaire non seulement à des facteurs génétiques, régime alimentaire et fréquence des infections, mais aussi à d’autres facteurs, tels que la prise d’antibiotiques, la fumée passive, la pollution, les vaccins, le stress, la diminution de l’activité immunitaire et le développement de certaines allergies et maladies inflammatoires.
Microécologie intestinale La composition de la flore intestinale serait l’élément commun des maladies allergiques et certains probiotiques pourraient jouer un rôle dans le développement d’une réponse immunitaire, participant à une microécologie intestinale, prévenir et, potentiellement, traiter certaines allergies.
Ces données suggèrent que les standards de vie ont changé et que les facteurs de ce style de vie sont importants dans le développement des maladies atopiques et les dérèglements immunitaires. Il y a des évidences selon lesquelles rétablir simplement l’équilibre de la flore intestinale pourrait aboutir à une immunorégulation équilibrée.
La composition de la flore intestinale humaine est la même à travers plusieurs générations. Le style de vie moderne influence négativement l’écosystème intestinal et, d’une génération à l’autre, il peut y avoir une dégradation cumulée de cette flore. Les changements linéaires dans les conditions environnementales peuvent mener à des changements non linéaires dans la flore intestinale et à une sensibilité croissante à une maladie atopique.
La peau Elle est une barrière, une première défense contre les allergènes extérieurs. L’exposition à des allergènes cutanés peut favoriser l’apparition de maladies allergiques et la réponse atopique peut être secondaire à la disruption de la barrière cutanée. La pénétration d’allergènes à travers la peau peut mener à une sensibilisation systémique, incluant la muqueuse intestinale et des problèmes respiratoires.
Les scientifiques ont élaboré des stratégies d’intervention pour rétablir l’équilibre microécologique par l’administration de certaines bactéries appelées probiotiques. Les conclusions sur leur potentiel effet thérapeutique sont prometteuses, mais les chercheurs s’accordent sur le fait qu’il n’y a pas assez d’évidence pour évaluer leur possible rôle dans le traitement des désordres cutanés de type allergique et que des études plus poussées devraient être faites, sur un plus grand nombre de patients, pour obtenir des résultats plus fiables.
A cela s’ajoute que tous les probiotiques n’ont pas les mêmes propriétés immunologiques et qu’il s’agit encore de définir quelle bactérie influence le plus la santé de l’enfant. Des complications à la suite de l’administration de probiotiques peuvent apparaître et, même rarement, des infections et des maladies.
*Giuseppe Caramia et al., Clinics in dermatology, 2008.