Comment prévenir et traiter les allergies?
Qu’elles soient respiratoires, cutanées ou alimentaires, les manifestations allergiques sont en plein essor. Elles croissent de 50% tous les dix ans et sont l’une des causes de maladies les plus fréquentes chez les enfants.
Par Patricia Bernheim
Ce qu’on regroupe sous l’appellation «allergies» est en fait une réaction disproportionnée de notre système immunitaire face à un agresseur. Il libère alors des substances inflammatoires, par exemple l’histamine, qui provoque démangeaisons, rougeurs, écoulement nasal et oculaire, troubles respiratoires ou maux de tête. A chaque fois qu’on est en présence de l’allergène, notre système provoque la même réaction allergique.
Les réactions allergiques peuvent être de trois types : respiratoires, cutanées ou alimentaires. Provoquées par les acariens, le pollen ou les animaux, elles se manifestent par des rhinites et des conjonctivites. Les médicaments et les aliments entraînent plutôt des réactions digestives ou cutanées. Les substances agissant par contact déclenchent, elles, des dermatites. Quant aux substances injectées, elles provoquent des réactions plus généralisées.
Si les pollens prolifèrent au printemps, provoquant le rhume des foins classiques, on peut, tout au long de l’année, développer une réaction allergique en présence de poussière, d’acariens, de piqûres d’insectes, de moisissures, d’animaux domestiques, de certains médicaments ou vaccins, de cosmétiques, de fibres naturelles ou synthétiques, de latex ou de métaux. Au total, près de 20 000 substances allergisantes ont été recensées. Sans oublier les réactions à certains aliments ou au soleil, ou encore les allergies croisées. Ceux qui sont allergiques au pollen de bouleau peuvent développer de l’urticaire en absorbant des protéines de carotte, de céleri, d’abricot, de pomme et de kiwi. L’allergique aux acariens pourrait, de même, devoir se priver d’escargots, de crevettes, de moules et d’huîtres.
En cas d’hypersensibilité, certaines réactions peuvent être beaucoup plus graves et se manifester sous la forme de choc anaphylactique, œdème de Quincke ou asthme. Les symptômes d’allergie ne devraient donc pas être négligés, puisque certaines réactions peuvent mettre la vie en danger. L’OMS, qui a classé les allergies au sixième rang des problèmes de santé publique, constate en effet qu’elles sont non seulement de plus en plus fréquentes, mais aussi toujours plus aiguës.
Les causes
La pollution, une alimentation déséquilibrée et un mode de vie stressant ont tour à tour été montrés du doigt. Depuis quelques années, les spécialistes incriminent également les progrès accomplis en matière d’hygiène, de traitements anti-infectieux et de prévention. A vivre dans un univers trop propre, notre système immunitaire serait sous-employé et s’activerait contre des choses banales, comme les pollens, les acariens ou autres.
La prévention
La meilleure des protections reste d’éviter le contact avec l’agent allergène. Mais, si l’on peut s’épargner tout contact avec les animaux ou évincer certains aliments, difficile d’éliminer les pollens ou les acariens de notre existence. On peut en revanche en limiter la prolifération grâce à certaines mesures d’hygiène, comme l’aération régulière des pièces, la suppression des tapis et moquettes, le lavage des taies et des draps à plus de 60 degrés.
Les pollens à Genève
A Genève, les pollens provoquant le plus fréquemment des allergies proviennent de l’aulne et du noisetier, entre février et mars; du frêne, de fin mars à la mi-avril, et du bouleau pendant le mois d’avril. Les pollens de graminées sont présents dans l’air de mai jusqu’au début de l’été. Durant cette saison, diverses herbacées comme l’armoise, le plantain ou l’ambroisie peuvent provoquer le même type de symptômes.
La désensibilisation en cinq questions
Selon l'Organisation mondiale de la santé, la désensibilisation est, avec l'éviction des allergènes, le seul traitement susceptible de modifier l'évolution naturelle de l'allergie. Les études internationales sont nombreuses à le confirmer. Ce traitement fait donc aujourd'hui l'objet d'un véritable consensus. Explications.
Qu’est-ce qu’une désensibilisation ?
C’est un traitement qui s’attaque à la source du problème et dont le but est de rétablir une tolérance du système immunitaire à la substance à laquelle il est allergique. Concrètement, l’allergologue administre régulièrement, sous formes de gouttes ou d’injections, des doses – au départ infinitésimales – de l'allergène incriminé, afin de développer peu à peu une tolérance. Au fur et à mesure du traitement, les doses sont augmentées jusqu'à atteindre la dose maximale tolérée par le patient. A cette phase initiale du traitement succède la phase d'entretien au cours de laquelle cette dose maximale tolérée est administrée à intervalles réguliers. Plus on intervient tôt à l’apparition des signes allergiques, plus la désensibilisation a des chances de réussir.
Quelles en sont les indications ?
L’indication à la désensibilisation doit être posée par un allergologue. Il faut savoir que ce traitement ne soigne pas tout, mais qu’il a fait la preuve de son efficacité dans la désensibilisation aux venins de guêpe (95% d'efficacité) et d'abeille (80% d'efficacité). De très bons résultats sont aussi obtenus avec les pneumallergènes : acariens, pollens de graminées, d'herbacés et d'arbre.
Il n’y a en revanche pas de désensibilisation possible pour les allergies de contact (bracelet de montre, rouge à lèvres) ou les allergies alimentaires.
Et les contre-indications ?
Elles concernent principalement les patients immunodéprimés, les personnes atteintes d'un cancer et les enfants de moins de 5 ans. De même, on ne commence pas une désensibilisation pendant la grossesse, mais, a contrario, on peut poursuivre un traitement dans sa phase d'entretien. Certains médicaments, en particulier les bétabloquants, sont également contre-indiqués.
Quels en sont les effets ?
La désensibilisation a un effet curatif : elle diminue, voire supprime les symptômes à terme et réduit la consommation de médicaments. Elle a également un effet préventif : elle évite la polysensibilisation et prévient l'évolution de la rhinite allergique vers l'asthme.
Combien de temps le traitement dure-t-il ?
Cela dépend de chaque patient. Il faut compter trois à cinq ans pour obtenir de bons résultats. La phase initiale, durant laquelle on injecte des doses croissantes d'allergènes, s'étale sur treize à quatorze semaines pour les traitements par injection, la phase d'entretien sur trois à cinq ans.
Pour en savoir plus:
Le site de la Ligue pulmonaire genevoise : www.lp-ge.ch
Un site français très complet consacré à l’asthme et à tous les types d’allergies : www.allergienet.com
Le site de l’allergologie pédiatrique des HUG : http://allergoped.hug-ge.ch/patients/Allergies_saisonnieres.html
J’ai envie de comprendre les allergies, de Suzy Soumaille avec la collaboration du Dr Ph. Eigenmann, Edition Médecine & Hygiène, Genève