L’intolérance au gluten chez les petits
Responsable de la gastroentérologie pédiatrique des Hôpitaux universitaires de Genève, le professeur Dominique Belli est un spécialiste de l’intolérance au gluten chez les enfants. Avec son équipe, il étudie la fiabilité du Simtomax® Blood Drop, un nouveau test rapide.
Par Patricia Bernheim
Le premier constat dressé par le professeur Belli est que «l’intolérance au gluten est une maladie très fréquente. Elle peut revêtir différentes formes, de silencieuse, sans symptôme, à ouverte, c'est-à-dire très malade. Dans sa forme grave, elle touche un enfant sur 2000 à la naissance, une personne sur 700 à 800 dans la population générale; 2% présentent des anticorps.
»Les symptômes de la maladie apparaissent dès que l’enfant est en contact avec le gluten, présent dans pratiquement toutes les farines. Elle est donc assez rare dans la première année et connaît un pic entre la deuxième et la troisième année. Mais elle peut aussi se manifester plus tard.
»Les symptômes sont ceux d’une gastroentérite, mais sans fièvre. L’enfant est anémié, il a un gros ventre et souffre de diarrhées. Il peut être irritable, pâle, décharné. A un âge un peu plus avancé, les douleurs abdominales prédominent avec, parfois, de la diarrhée ou des signes d'occlusion intestinale. Mais ils peuvent être très différents d’une personne à l’autre et varier selon l'âge et l'intensité de l'atteinte. Nous recevons des enfants de 9 ou 10 ans qui ne présentent apparemment qu’une anémie, mais l’examen sanguin révèle qu’il s’agit d’une intolérance au gluten. Dans les cas les plus importants, qu’on ne voit plus aujourd’hui, le patient présente l’image d’un enfant gravement dénutri, puisque son intestin n’absorbe plus rien, ni nutriments ni vitamines ou minéraux.»
L’intolérance au gluten est une maladie récente, reconnue dans les années 1960 seulement. Aujourd’hui, dès qu’un enfant ou un adulte présente les symptômes, les médecins font le lien et proposent un test de dépistage avant que la maladie ne fasse de dégâts. Une sensibilité génétique a été clairement établie, mais elle peut tout aussi bien se déclarer chez des enfants dont aucun des deux parents n’en souffrent.
Pour poser leur diagnostic, les spécialistes disposent d’un test de référence qui consiste en une biopsie intestinale, pratiquée par endoscopie sous anesthésie. Puis, pour le suivi de la maladie, ils procèdent à un examen sanguin qui permet de signaler la présence des anticorps, l’antitrans-glutaminase. Celui-ci doit être envoyé à un laboratoire spécialisé et la réponse n’est pas immédiate.
En ce moment à l’étude dans l’unité du professeur Belli, le test de dépistage rapide Simtomax® Blood Drop, développé par Augurix, présente de nombreux avantages, puisqu’il permet de dépister l’intolérance et de faire le suivi de la maladie uniquement grâce à des prélèvements sanguins et sans passer par un laboratoire. «Si ce test se révèle fiable, nous nous baserons sur lui pour soupçonner le diagnostic ainsi que pour le suivi. Nous faisons également des recherches sur d’autres manières de dépister la maladie, par exemple avec la salive.»
Comme il n’existe, pour l’instant, aucun médicament, le traitement consiste en un régime à vie. «Il est très simple, du moins en théorie. Il s’agit de ne plus consommer de gluten. Là où cela devient compliqué, c’est qu’on en trouve partout : dans les pizzas, les pâtes et le pain !» souligne le professeur Belli.
Pour répondre aux besoins des personnes intolérantes au gluten, l’industrie alimentaire a mis au point des farines et des aliments sans gluten. Les personnes intolérantes peuvent aussi consommer sans restriction du riz, de la polenta ou des pommes de terre, qui n’en contiennent pas.