La vérité sur les oméga-3
Les acides gras oméga-3 sont des molécules fascinantes. Les études médicales les plus récentes prouvent qu’elles nous protègent contre les maladies cardiovasculaires et même contre le cancer.
Par Jean-Charles Bastard, pharmacien
Les preuves médicales de la prévention cardiovasculaire des acides gras oméga-3 sont considérables et cohérentes. Cette découverte médicale majeure, nous la devons à deux chercheurs danois, Bang et Dyerberg. Dans les années 1970, ils étudient le régime alimentaire traditionnel des Esquimaux, composé de poissons gras et de mammifères. Lorsqu’ils consultent les archives médicales des dix dernières années de l’Hôpital du Groenland, qui comptaient 2000 patients, ils découvrent à leur grande surprise qu’aucune mort par crise cardiaque n’y figure ! Bang et Dyerberg mettent alors en évidence l’une des principales causes de la solidité du cœur des Esquimaux : la richesse exceptionnelle en acide gras oméga-3 de leur alimentation quotidienne. La fabuleuse histoire des oméga-3 était née.
En 1979, ces deux chercheurs danois publient une découverte clé dans la prestigieuse revue médicale The Lancet : la preuve que les oméga-3 diminuent l’agrégation des plaquettes sanguines, ce qui réduit le risque de formation de caillots susceptibles de boucher les artères. En 1983, lorsqu’ils publient leurs résultats finals, ils font la prophétie suivante : «Nous pensons que la consommation d’acides gras oméga-3 peut, à grande échelle, être une mesure aussi efficace pour la prévention des maladies cardiovasculaires que la consommation de médicaments.» Ces premières observations faites chez les Esquimaux ont été ensuite confirmées dans d’autres populations, comme chez les Japonais. Depuis, un nombre considérable d’études a corroboré cette formidable découverte.
En 2004, une méta-analyse publiée dans Circulation, la revue de l’American Heart Association, a évalué l’impact de la fréquence de la consommation de poissons sur la mortalité par crise cardiaque. Les résultats sont sans appel. Les personnes qui consomment plus de cinq poissons par semaine bénéficient d’une réduction de l’ordre de 40% du risque de décès dû à un infarctus du myocarde. Une autre méta-analyse, publiée par l’American Heart Association, conclut que la consommation de poisson protège également contre les attaques cérébrales. Manger plus de cinq poissons par semaine est accompagné d’une diminution de l’ordre de 30% du risque d’être victime d’un accident vasculaire cérébral.
Les chercheurs ont également voulu tester ses propriétés thérapeutiques, ce qui a donné lieu à des centaines de publications. Ainsi, en 1989, l’étude DART (Diet And Reinfarction Trial), portant sur plus de 2000 hommes ayant survécu à une attaque cardiaque, a montré que ceux qui avaient suivi un régime alimentaire riche en oméga-3 provenant de poissons bénéficiaient d’une diminution de la mortalité de 29%, ce qui représentait à l’époque la plus importante réduction jamais obtenue par un régime alimentaire.
Ces résultats ont été confirmés en 1999 par l’étude GISSI (Gruppo Italiano per lo Studio della Sopravvivenza nell’Infarcto miocardico), qui a étudié l’intérêt thérapeutique d’une supplémentation en oméga-3 sous forme de capsules d’huile de poisson sur une population de 11 324 patients ayant subi une attaque cardiaque. Les résultats sont spectaculaires. Les chercheurs italiens ont mis en évidence une réduction considérable des complications postinfarctus du myocarde : 20% de réduction de la mortalité toute cause confondue sur trois ans et demi, 30% de réduction de la mortalité cardiovasculaire et, surtout, 45% de réduction du risque de mourir subitement d’une crise cardiaque.
Ces résultats apportent la preuve de l’effet des oméga-3, même sous forme de capsule, donc indépendamment de tout autre facteur nutritionnel.
Barrer la route aux cancers
Au cours de ces vingt dernières années, les chercheurs ont exploré le lien entre chaque acide gras et les cancers. Deux d’entre eux ont découvert, chez la souris, que les tumeurs réagissaient de façon très différente aux divers acides gras. L’injection d’oméga-3 dans les tumeurs est accompagnée d’une forte réduction de la vitesse de croissance tumorale, alors que l’injection d’oméga-6 provoque au contraire une forte augmentation. Les oméga-6 semblent être la «nourriture préférée des tumeurs malignes».
Les chercheurs ont aussi voulu savoir si ces acides gras avaient la même influence sur les cancers humains. La spécialiste mondiale des oméga-3, la doctoresse Artémis Simopoulos, a démontré, sur une population de 12 866 personnes, qu’un taux élevé d’oméga-3 associé à un taux bas d’oméga-6 diminue le risque de mourir d’un cancer de 33%.
Plusieurs équipes de recherche ont montré que des suppléments d’oméga-3 pouvaient réduire le risque de cancer du colon. Les résultats d’une étude italienne, publiée en 1992 et réalisée sur des patients présentant des polypes précancéreux au niveau du colon ayant pris des suppléments alimentaires d’oméga-3, sont surprenants. En seulement deux semaines, la prolifération des cellules avait diminué. Les médecins en ont conclu que les huiles de poisson riches en oméga-3 semblaient exercer un effet protecteur rapide sur les personnes à haut risque de cancer du colon.
L’intérêt des oméga-3 dans la prévention du cancer du colon a été confirmé, en 2007, aux Hôpitaux universitaires de Genève, par les travaux de Catherine E. Roynette, Yves M. Dupertuis et Claude Pichard. Ils ont prouvé que les oméga-3 augmentent la mort cellulaire (apoptose), diminuant ainsi le risque de la genèse d’un cancer du colon.
De plus en plus de preuves confirment l’intérêt de l’enrichissement du régime alimentaire en oméga-3 pour se protéger contre le cancer. C’est la raison pour laquelle des chercheurs ont essayé d’utiliser les oméga-3 en complément des thérapeutiques traditionnelles. Les premières études ont été réalisées sur des cultures de cellules cancéreuses. Les résultats ont été très concluants et ont prouvé une augmentation significative de l’efficacité des radiothérapies et des chimiothérapies.
Le professeur Bougnoux, du Laboratoire de biologie des tumeurs de l’Hôpital de Tours, a confirmé ces résultats chez la souris. Il a également démontré que les femmes atteintes d’un cancer du sein qui présentaient des taux élevés d’oméga-3 au niveau du tissu mammaire bénéficiaient d’une augmentation significative de l’efficacité de la chimiothérapie.
Les travaux de la recherche médicale ont pu expliquer le mécanisme d’action de cette synergie positive entre les traitements anticancéreux et les oméga-3. Les rayons et certains types de chimiothérapies tuent les cellules cancéreuses en générant de grandes quantités de radicaux libres (molécules oxydantes très réactives) qui attaquent les membranes cellulaires. Les oméga-3 rendent les membranes cellulaires plus vulnérables aux attaques des radicaux libres, augmentant ainsi les effets de la chimiothérapie et des rayons.
Recommandations
Pour dire non aux maladies cardiovasculaires et aux cancers, il est fortement recommandé d’augmenter les apports en oméga-3 en consommant régulièrement du poisson. Les capsules d’huile de poisson représentent également un atout certain, pour autant qu’on privilégie des huiles de haute qualité, dépourvues de métaux lourds (mercure, plomb, PCB, dioxine..).
Certains fabricants ont développé des techniques brevetées de purification des huiles, évitant ainsi une contamination aux métaux lourds. Les pharmaciens de la Pharmacie Principale sont à votre disposition pour vous conseiller sur le choix d’une huile de haute qualité.