Adopter une nutrition raisonnée!
Auparavant, la malnutrition se manifestait par un état de maigreur. Or, depuis quelques décennies, une mauvaise alimentation s’identifie plutôt par un excès de poids. Lutter contre l’obésité ne doit donc pas viser seulement à chasser les kilos, mais doit s’attaquer à l’une de ses causes principales : la malbouffe.
Par le Dr Gérald Langel et Virginie Terrier, diététicienne, Centre Efficium
Aujourd’hui, notre assiette est en grande partie constituée de « calories vides », c’est-à-dire composée d’aliments pauvres en vitamines, minéraux, acides gras essentiels et autres micronutriments.
Les céréales, par exemple, sont réputées riches en vitamines et minéraux, principalement concentrés dans l’écorce. Mais, depuis près de 50 ans, farines et riz sont débarrassés de leur écorce et donc appauvris en micronutriments.
Le raffinage a uniformisé, et c’est d’ailleurs l’un de ces buts, les goûts et la texture des produits. Cette perte de saveurs a été compensée par une explosion de la consommation de sels et de sucres. Nous consommons en moyenne 70 kg de sucre par an et donc 70 kg de calories vides !
Le mauvais équilibre des graisses
En matière de graisses, l’important est de respecter un bon équilibre entre les différentes familles. Mais la plupart d’entre nous sommes carencés en oméga 3 et consommons trop d’oméga 6. La raison principale provient de l’élevage intensif des animaux; ils sont nourris aux farines de céréales (maïs et soja) riches en omégas 6, plutôt qu’à l’herbe, riche en omégas 3. Ils produisent donc de la viande et des sous-produits (lait, œufs, etc.) riches en omégas 6.
La clé : une nutrition raisonnée
Le concept de « nutrition raisonnée » oriente les habitudes alimentaires vers une consommation d’aliments riches en éléments essentiels comme les céréales complètes, les huiles de colza, les poissons gras et les filières d’agriculture à vocation santé, comme par exemple la filière oméga 3 (Tradilin en Suisse; Bleu, Blanc, Cœur en France).
La complémentation alimentaire
Cependant, même en surveillant correctement son alimentation et en changeant ses habitudes, des carences très anciennes peuvent être longues à se corriger. Après avoir déterminé les carences micro-nutritionnelles, il est nécessaire de faire appel à des compléments alimentaires.
Grâce à ces deux approches – nutrition raisonnée et complémentation micro-nutritionnelle –, de nombreux problèmes et inconforts peuvent diminuer : fatigue, stress, problèmes digestifs, affections cutanées, etc. Et, en présence de surpoids, on enregistre souvent une perte de poids.
Poids et mauvaise alimentation
L’excès de poids est l’un des marqueurs fiables d’une mauvaise alimentation, mais rarement le seul reflet d’un apport calorique excessif. Il est presque toujours associé à un déséquilibre alimentaire en micronutriments ou en macronutriments.
La surcharge pondérale a de multiples conséquences sur la santé (maladies cardio-vasculaires, diabète de type 2, apnées du sommeil, certains cancers, notamment du sein, de l’utérus ou de la prostate) et sur la qualité de la vie. La prise en charge de l’excès de poids est un facteur essentiel à la longévité, mais il est inutile de perdre quelques kilos sans changer ses habitudes alimentaires et sans corriger ses déséquilibres micro-nutritionnels.
Pour être réellement efficace, une perte de poids doit s’appuyer sur les quatre piliers suivants :
1 L’alimentation saine ou « nutrition raisonnée » expliquée ci-dessus ;
2 la micro-nutrition ;
3 le régime ;
4 La gestion des émotions.
La micro-nutrition
La plupart du temps, un excès de poids est lié à une alimentation déséquilibrée, souvent aggravée par une succession de divers régimes. Toute prise en charge du surpoids doit donc débuter par un rééquilibrage micro-nutritionnel.
Une carence en sérotonine, neurotransmetteur fortement impliqué dans notre manière de nous alimenter, mène inexorablement à l’échec. Elle est notre antidépresseur naturel et si notre alimentation est riche en micro-nutriments, nous en produisons suffisamment. Si ce n’est pas le cas, notre organisme va s’orienter vers des aliments favorisant la production de ce neurotransmetteur, par exemple le sucre. Or les manques de sérotonine ne sont pas rares.
Le régime
Après cette première phase, la perte de poids peut être envisagée. Elle doit être le reflet d’une perte de masse grasse et non de muscle. Tout au long du processus, il convient de suivre l’évolution de ces deux valeurs qui, dans un régime, sont plus importantes que le poids lui-même. La mesure de ces deux valeurs par impédancemétrie doit impérativement se faire régulièrement, car une perte de masse maigre trop importante diminue le métabolisme de base.
Quel régime suivre ?
Il est essentiel de l’adapter en fonction des goûts, des habitudes et de la motivation de chacun. L’apport de protéines doit être évalué de manière individuelle afin d’éviter une perte de muscle trop importante. Les diètes protéinées, souvent décriées, sont pourtant un outil remarquable pour les personnes qui nécessitent une perte de poids importante et/ou rapide. Elles permettent d’épargner la masse musculaire, donnent de bons résultats sur le long terme et sont sans danger si les indications sont bien posées. Elles devraient toujours bénéficier d’un suivi et ne pas être faites de manière sauvage.
Comme dans tout régime, le suivi reste un point-clé pour la gestion du poids à long terme. Un soutien durant les périodes de perte de poids et un suivi durant 2-3 ans sont essentiels. Ils permettent de corriger et éventuellement d’adapter le régime aux situations rencontrées et de remotiver lors des périodes de découragement.
La gestion des émotions
L’équilibre émotionnel ne doit pas être négligé. Certaines émotions, comme par exemple la culpabilité ou le stress, peuvent bloquer la perte de poids. La plupart du temps, la prise en charge de ces problèmes peut passer par des méthodes simples comme la cohérence cardiaque.