Le bio émerge dans les soins cosmétiques
Signe des temps: après avoir conquis nos assiettes, la vague verte déferle sur les produits cosmétiques. Aux formules high-tech s’opposent désormais des produits naturels, biolabellisés, 100% verts.
Par Patricia Bernheim
Depuis une quarantaine d’années, la recherche scientifique ne cesse de mettre au point de nouvelles molécules miracles, supposées révolutionner le monde de la cosmétique. Chaque année, des milliers de nouveaux produits de synthèse extrêmement complexes et sophistiqués sortent des laboratoires. Du gel douche à la crème antirides, les produits cosmétiques contiennent entre 20 et 40 ingrédients différents.
Or, parallèlement à l’utilisation grandissante de ces substances, les dermatologues constatent une recrudescence des réactions cutanées et des problèmes allergiques. De plus en plus d’études scientifiques établissent un lien entre les substances utilisées dans les produits cosmétiques, dont une grande partie vient de la chimie pétrolière, et les allergies. Les conservateurs sont principalement montrés du doigt.
Les principaux composants
Quelle que soit leur forme (crème, gel, émulsion), les produits cosmétiques ont une composition de base presque identique. Ils contiennent: des principes actifs, c’est-à-dire des substances responsables de l’efficacité du produit, tels que l’acide hyaluronique, l’argile, l’élastine, le zinc ou certains extraits de fruits et légumes. Leur présence est souvent réduite à la portion congrue; des excipients, dont le rôle est de transporter le principe actif dans l’épiderme.
Certains sont d’origine végétale: amande douce, avocat, karité, d’autres synthétiques, comme les silicones; des additifs: colorants, conservateurs, antioxydants, émulsifiants, stabilisateurs de pH et autres. Un produit en contient facilement 20, sélectionnés parmi les 8000 à 9000 existants. Ils peuvent être d’origine végétale, animale, minérale ou encore synthétique. L’emballage doit contenir la liste complète des ingrédients. Mais elle est en général écrite en caractères minuscules et sous la dénomination INCI (International Nomenclature Cosmetic Ingredients), à savoir en anglais et en latin pour les plantes.
Inquiétude sur les conservateurs
Une fois le produit émulsionné, la difficulté principale est de le stabiliser et de le conserver de manière adéquate et sans risque. Cela signifie qu’il faut éviter la multiplication de toute une faune qui ne demande qu’à proliférer dans ce milieu idéal: bactéries, germes et autres champignons. D’où l’utilisation d’agents de conservation, indispensables lorsque le produit contient de l’eau, ce qui est le cas de toutes les crèmes. Les conservateurs sont soumis à des tests dermatologiques pour limiter les risques, mais certains provoquent néanmoins des allergies.
Par ailleurs, si, individuellement, chaque produit chimique utilisé en quantité équilibrée ne représente pas de danger, certains scientifiques s’inquiètent des interactions entre les différentes substances, de leur accumulation dans le corps et de leurs effets à long terme. Les cosmétiques étant soumis à des règles bien moins sévères que les médicaments ou les produits alimentaires, on trouve, parmi les ingrédients, des substances comme du formaldéhyde, l’un des agents de conservation les plus connus. Légalement autorisé dans les cosmétiques, il n’est pas inoffensif pour autant, puisqu’il a été déclaré cancérigène pour l’être humain en juin 2004 par le Centre international de recherche sur le cancer et provoque des allergies chez certaines personnes.
Dans pratiquement toutes les crèmes hydratantes, on trouve aussi des parabènes, souvent utilisés en association, dont certains sont connus pour provoquer des allergies de contact cutanées. Plusieurs études ont aussi démontré les effets de certains d’entre eux sur le système hormonal, à cause de leur comportement similaire aux œstrogènes. Sous le terme de parfum se dissimulent en fait plus de 200 ingrédients chimiques différents que les fabricants jugent inutiles de détailler, alors qu’une vingtaine de ceux-là ont été cités comme étant à l’origine d’allergies par le Comité scientifique européen des cosmétiques et produits non alimentaires.
Certains filtres solaires contiennent, quant à eux, du bromure de méthyle, connu pour provoquer rougeurs et irritations, mais aussi des substances se comportant comme l’œstrogène. Ils peuvent être responsables de réactions allergiques du type eczéma de contact et de réactions photoallergiques. C’est la raison pour laquelle les filtres chimiques sont vivement déconseillés chez les enfants de moins de 6 mois et qu’on recommande l’utilisation d’écrans minéraux pour les enfants et les personnes sujettes aux allergies cutanées.
Cette liste n’est de loin pas exhaustive. Crèmes à raser, cires capillaires, baumes à lèvres, démaquillants, dentifrices ou déodorants, tous contiennent des substances connues pour être cancérigènes ou susceptibles de provoquer des allergies. Depuis mars 2005, une directive européenne impose l’étiquetage de 26 allergènes contenus habituellement dans les parfums et cosmétiques. Un sujet sur lequel la Suisse n’a pas encore statué.
Retour au naturel
Si le bio dans l’alimentation est toujours plus présent, le bio en cosmétique en est à ses débuts, à l’exception de l’Allemagne où il s’est déjà bien implanté. En France et en Suisse, certaines lignes moins chargées en substances chimiques commencent néanmoins à apparaître, ainsi que quelques marques totalement exemptes de conservateurs et de colorants*. Ce sont alors les actifs naturels qui assurent la stabilité du produit.
Depuis quelques années, la cosmétique bio ou naturelle a, comme l’alimentation, ses labels: BDIH pour l’Allemagne et Ecocert pour la France. Les produits estampillés «Ecologique et biologique» contiennent un minimum de 95% d’ingrédients d’origine naturelle, au minimum 10% des ingrédients sont issus de l’agriculture biologique et 95% des végétaux qui ont servi à l’élaborer proviennent de l’agriculture bio.
Pour ceux qui sont labellisé «Ecologique», les exigences concernant les ingrédients naturels sont les mêmes, mais au minimum 5% des ingrédients et 50% des végétaux sont issus de l’agriculture bio. Depuis 1997, ces produits sont soumis à des directives européennes très strictes. Pour mériter un label, ils doivent répondre aux critères suivants:
- être exempts de parfums, colorants, conservateurs artificiels, produits de synthèse, produits issus du pétrole, glycérine, paraffine, vaseline, alcool;
- être de qualité biologique et sans traitement chimique;
- ne pas avoir été testés sur les animaux et avoir un emballage recyclable.
Mais, on le sait, naturel ne veut pas dire sans risque. Certaines huiles essentielles, comme celle de thym, peuvent être irritantes et doivent donc être utilisées avec précaution. Les plantes, dont le pouvoir actif est très fort, provoquent parfois aussi des réactions.
*Sans conservateurs ni colorants: la gamme Tolériane de La Roche-Posay; Tolérance
extrême d’Avène; ainsi que les marques Lakshmi et Nereia.
Les précautions
Pour ne pas transformer ses pots de crème en nid à microbes, il est conseillé de se laver les mains avant d’appliquer un produit de soins; utiliser une spatule et non les doigts pour les cosmétiques en pot, opter pour le produit en tube ou, mieux encore, le flacon à pompe; conserver les produits dans un endroit frais et sec; inscrire sur le pot/tube/flacon la date de l’ouverture. Une fois ouverts, ces derniers ont en effet une durée de vie limitée qui doit être inscrite sur l’emballage, selon les normes européennes.
Faites le bon choix
La Pharmacie Principale a sélectionné des gammes de soins pour tous les types de peaux, en particulier les peaux sensibles. Grâce à la Carte Santé Fidélité®, nous assurons un suivi de nos conseils et vous donnons des points fidélité.