Préservatifs: un jeu plutôt qu’une gêne
La plupart des programmes d’éducation sexuelle et de prévention des infections transmissibles sont axés sur la peur et le risque de maladie. Ils donnent l’impression que plaisir et protection sont incompatibles. Or, pour inciter les gens à se protéger, il devient évident que la notion de plaisir doit être présente.
Par Anne Philpott et al., du Pleasure Project*
Différentes recherches montrent que la principale raison pour laquelle les gens ont des relations sexuelles, c’est la recherche du plaisir. Or, les préservatifs sont généralement perçus comme un frein au plaisir sexuel. Pour résoudre cette équation, il semble vital que les campagnes de santé s’intéressent aux manières d’augmenter le plaisir lorsqu’elles font la promotion du préservatif.
Les raisons pour lesquelles les gens choisissent de ne pas se protéger et d’avoir des relations sexuelles risquées sont nombreuses. Pour beaucoup, la question financière est centrale. D’autres ont le sentiment de ne courir aucun risque, pensent que les préservatifs ne sont pas efficaces contre le HIV ou qu’ils sont la preuve d’un manque de confiance en son partenaire. Bref, pour beaucoup, le préservatif est avant tout désagréable.
Des raisons similaires expliquent pourquoi le préservatif féminin remporte aussi peu de succès partout dans le monde : coût relativement élevé, incompréhension sur son mode d’utilisation, sentiment d’inconfort pour les deux partenaires. Mais probablement que la vraie raison réside avant tout dans le fait que les préservatifs sont perçus comme gênants et pas du tout sexy.
Depuis l’apparition du sida, le condom est considéré comme la seule prévention efficace. Malheureusement, beaucoup continuent à ne pas se protéger. Il est clair que les facteurs tels que la perception du risque, la diminution des sensations, l’intensification de la sécheresse vaginale, la diminution de la spontanéité, la résistance du partenaire et l’objet, jouent un rôle aussi importants que les raisons habituellement invoquées.
Secret d’alcôve Et pourtant ! Si l’on en croit le Projet plaisir, qui recense à travers le monde les projets et les organisations qui donnent la priorité au plaisir dans la prévention des infections sexuellement transmissibles, les préservatifs peuvent être très sexy et source de plaisir, spécialement lorsqu’on connaît quelques astuces.
Parmi les enseignements à tirer du Projet plaisir figure l’érotisation des préservatifs masculins et féminins. L’un des secrets les mieux gardés, ce sont les lubrifiants à base d’eau qui accentuent le plaisir des deux partenaires et limitent les risques de déchirure du préservatif. Ils contribuent à faire du préservatif un jeu plutôt qu’une gêne et à le considérer comme un accessoire faisant partie de la relation sexuelle.
Certains fabricants proposent des modèles colorés, parfumés ou texturés qui augmentent le confort et les sensations pour l’un ou les deux partenaires. Le préservatif féminin est souvent perçu comme très peu glamour, mais sa texture, plus fine que celle des condoms, a moins d’impact sur les sensations des deux partenaires et les deux anneaux qui le composent peuvent être une source de plaisir supplémentaire pour l’un comme pour l’autre.
Ces quelques exemples montrent que la notion de plaisir peut jouer un rôle clé dans la protection du HIV et des infections sexuellement transmissibles et qu’il n’y a pas incompatibilité entre relation sexuelle protégée et plaisir.