Sport: un allié contre le tabac
Lorsque l’on pratique un sport, c’est avec l’idée de se faire du bien. Dans cette optique, continuer de fumer est plutôt paradoxal puisque le tabagisme dégrade notre santé et limite nos capacités physiques
Par Patricia Bernheim
Les fumeurs le savent bien : courir pour attraper le bus ou monter deux étages à pieds peut laisser à bout de souffle. Les divers effets du tabagisme se traduisent en effet par une augmentation de la fréquence respiratoire au repos et un essoufflement plus rapide à l’effort. Il a des répercussions sur notre aptitude à exercer une activité physique ou sportive. En bref, le tabac est incompatible avec des notions comme la santé et la qualité de vie.
Les effets du tabagisme sur le corps
Lorsque l’on fume, ce sont les voies respiratoires qui sont exposées en premier. Au passage de la fumée, les irritants du type acétone attaquent les muqueuses respiratoires et les goudrons, qui comportent des substances cancérigènes, agressent les tissus et les muqueuses.
Associée à ces effets, la nicotine provoque à chaque bouffée une contraction des voies respiratoires. Le fonctionnement des alvéoles pulmonaires est altéré avec, comme conséquence, une diminution de la capacité de respiration.
Dans le sang, le monoxyde de carbone se combine à l‘hémoglobine au détriment de l’oxygène. Mal oxygénés, les poumons ne peuvent plus fonctionner efficacement. Pour tenter de compenser cette hypoxie, l’organisme augmente le débit circulatoire. Donc, avant même d‘effectuer un effort physique, la fréquence cardiaque et la pression artérielle du fumeur augmentent. Il atteint rapidement un rythme cardiaque très élevé et sa capacité de récupération est bien moindre que celle d’un non-fumeur.
Ces effets sont encore amplifiés par la nicotine qui provoque une augmentation du travail cardiaque et, notamment, du myocarde. Une situation qui peut entraîner des risques d’infarctus très importants chez les plus de 40 ans qui font un effort physique intense.
Enfin, la cigarette après le sport est à proscrire absolument puisque cela peut provoquer un accident coronarien aigu. Attendre une demi-heure après l’effort pour s’en griller une est indispensable.
Les conséquences sur les performances
Des études sur les exercices courts et intenses ont montré que le tabac diminue considérablement les performances. Chez les fumeurs réguliers, le rythme cardiaque est plus rapide et la performance maximale est altérée. L‘essoufflement et la fatigue surviennent plus vite, les douleurs et crampes dans les muscles sont plus fréquentes. La capacité de récupération est également fortement diminuée.
Les muscles, comme les poumons et le cœur, ont besoin de sang riche en oxygène pour fonctionner efficacement. Or, le tabagisme a pour conséquence une vasoconstriction périphérique qui entraîne une moins grande oxygénation des tissus.
Une étude comparative sur l'impact du tabac parmi des jeunes du même âge a été menée dans le cadre de l’armée. Les jeunes recrues suisses devaient courir la plus grande distance en 12 minutes. Résultat : les non-fumeurs parcourent sans trop de peine 2600 m tandis que ceux qui fument ont plus de mal. Entre 1 et 10 cigarettes par jour, ils perdent 100 m ; entre 10 à 20, ils en perdent 250 m et ceux qui en consomment plus de 20 perdent 350 m !
Outil de prévention et de soutien
Lorsque l’on additionne la baisse de performances physiques, les troubles à l‘effort et l’incapacité à augmenter le rythme d‘entraînement, on ne s’étonnera pas qu’une part importante (44 %) des décisions d’arrêt du tabac chez les sportifs soient liées aux répercussions de la fumée sur leur corps.
Vouloir améliorer sa condition physique est en effet une excellente motivation pour arrêter de fumer et poursuivre la pratique sportive dans de bonnes conditions. Les bénéfices ne se font pas attendre. Le sportif qui arrête de fumer constate très vite des améliorations. Comme il tousse moins, s'essouffle moins et respire mieux, il améliore inévitablement et notablement ses performances. Pas besoin de se lancer dans un marathon : une dizaine de minutes d’activité sportive modérée a un effet rapide et mesurable sur l’envie de fumer et les symptômes de manque tabagique lors du sevrage.
Enfin, autre conséquence positive, c’est aussi un soutien important pour ne pas rechuter. Une étude menée auprès de femmes pour évaluer l‘impact de l’exercice physique sur l’arrêt du tabac a démontré que les personnes qui ont arrêté de fumer alors qu’elles pratiquaient un sport avaient trois fois plus de succès à un an que le groupe ayant arrêté sans aide.
Une aide contre la prise poids
Vous souhaitez arrêter de fumer mais vous craignez, comme beaucoup de femmes, de prendre du poids ? Se mettre au sport devrait résoudre une partie de ce dilemme. Plusieurs études ont démontré que les anciens fumeurs qui pratiquent régulièrement une activité physique ont plus de chance de contrôler leur poids que ceux qui sont sédentaires.
En fait, l’exercice physique est l’une des clés du contrôle du poids pendant les 2 ans qui suivent l‘arrêt : plus les personnes font de l’exercice, mieux elles contrôlent leur poids. Ainsi, les femmes qui fumaient moins de 25 cigarettes par jour et font 1 à 2 heures d’exercice par semaine ne prennent en moyenne que 2,2 kg lorsqu’elles cessent de fumer contre 3,8 kg pour celles qui n’en font pas. Lorsque l’exercice dépasse 2 heures hebdomadaires, la prise de poids se limite à 1,5 kg.
Le programme de la Pharmacie Principale
Les spécialistes Tabacare de la Pharmacie Principale proposent un accompagnement personnalisé à ceux qui souhaitent arrêter de fumer. Formés par Mme Corinne Wahl, tabacologue, et par le Dr Rodrigo Tango du CIPRET, ils sont à votre disposition pour vous donner un certain nombre d’informations concernant les bénéfices à arrêter de fumer, les risques à continuer, la fumée passive ainsi que des conseils adaptés à votre situation.
Si vous vous sentez prêts à arrêter, les spécialistes vous proposeront « Trois jours sans fumée, juste pour voir » et vous remettront le matériel gratuit pour tenir trois jours grâce à des substituts nicotiniques, des conseils personnalisés et différentes astuces pour mieux lutter contre l’envie. A l’issue de ces trois jours, un test de monoxyde de carbone (une substance extrêmement toxique pour l’organisme) vous est proposé. L’occasion de constater que trois jours sans tabac permettent déjà de le faire baisser.
Les spécialistes Tabacare vous donneront tous les renseignements sur les médicaments disponibles pour favoriser la désaccoutumance au tabac. Les produits de substitution nicotinique (gomme à mâcher, patch, spray, nasal inhalateur ou comprimé) doublent en effet les chances d'arriver à se passer de nicotine. Un médicament à base de Bupropion, délivré sur prescription médicale, permet également de diminuer le besoin de cigarette.
Adresses utiles
Consultation individuelle d’aide à la désaccoutumance au tabac des HUG : Tél : 022 372 95 49
Consultation Santé jeunes aux HUG : tél. 022 372 33 87
Groupe : les Mardis du CIPRET, de 12h30 à 14h, lieu de parole ouvert à tous, gratuit, anonyme, sans rendez-vous ni inscription, 5, rue Henri-Christiné
Liste des autres adresses de consultations de sevrage tabagique dans le canton : CIPRET-Genève, Carrefour Prévention, Tél : 022 321 00 11, www.prevention.ch